Dix-huit pays se disent disposés à déployer des forces de sécurité en Haïti dans le cadre d’une nouvelle mission internationale censée reprendre le flambeau de la force multinationale actuelle. L’annonce a été faite vendredi par le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin. Sur le papier, l’initiative se veut plus robuste. Sur le terrain, les Haïtiens attendent encore de voir si cette promesse se traduira enfin par un réel changement.

Selon Albert Ramdin, la future force devrait compter 5 500 soldats, conformément à une feuille de route pilotée par les États-Unis. Environ 1 000 agents pourraient arriver dès janvier, si le calendrier est respecté, et la moitié des effectifs serait déployée avant le 1er avril 2026, date prévue pour l’installation d’un nouveau bureau des Nations Unies chargé de soutenir logistiquement la Force de Répression des Gangs (FRG).

Cette nouvelle mission se distinguerait de la précédente, menée sous leadership kényan, dont le mandat a officiellement pris fin il y a deux mois. Contrairement à cette force d’appui, la future opération aurait la capacité de mener ses propres actions armées, et non seulement d’accompagner la Police nationale d’Haïti. Une évolution présentée comme indispensable face à des gangs de mieux en mieux organisés et lourdement armés.

Le Kenya a déjà renforcé son contingent avec l’envoi d’une centaine de policiers supplémentaires. D’autres pays africains sont attendus, tout comme le Bangladesh, le Sri Lanka et plusieurs États d’Amérique latine. Mais au-delà des chiffres et des intentions affichées, la lenteur du processus interroge. « Le point clé est qu’ils travaillent tous ensemble, selon les mêmes règles », a justifié Albert Ramdin, reconnaissant implicitement la complexité – et les retards – de la mise en place de cette force.

Pendant ce temps, la crise continue de s’aggraver en Haïti. Meurtres, enlèvements, viols et pillages rythment le quotidien de larges portions du territoire. Les déplacements forcés se multiplient, l’économie s’effondre et l’État peine à affirmer son autorité. À neuf ans sans élections, le pays est dirigé par des autorités de transition qui promettent un scrutin présidentiel et législatif à l’été 2026 — un calendrier étroitement lié au rétablissement d’un minimum de sécurité.

En visite récente à Port-au-Prince, Albert Ramdin s’est voulu rassurant : le gouvernement, selon lui, « est toujours en place et aux commandes ». Une affirmation qui contraste avec la perception de nombreux citoyens, pour qui l’État reste largement absent de quartiers entiers livrés aux groupes armés.

Entre annonces diplomatiques, calendriers glissants et réalités brutales, une question demeure centrale : cette nouvelle force internationale changera-t-elle réellement la donne, ou s’ajoutera-t-elle à la longue liste des missions promises à Haïti sans résultats durables ?

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