Quinze ans après le dévastateur séisme de 2010, Haïti reste gravement exposée aux risques sismiques. Lors d’une conférence-débat tenue le 12 janvier 2025, l’ingénieur géologue Claude Prépetit a dressé un bilan critique de la gestion des risques sismiques dans le pays, soulignant les échecs et les défis persistants.
Une vulnérabilité persistante malgré les leçons de 2010
Claude Prépetit, directeur général du Bureau des Mines et expert en géosciences, a ouvert la conférence en rappelant l’ampleur des dégâts causés par le tremblement de terre du 12 janvier 2010 : plus de 200 000 morts, des centaines de milliers de blessés, et une destruction massive des infrastructures essentielles.
Cependant, il a également mis en lumière l’insuffisance des efforts réalisés depuis pour réduire la vulnérabilité du pays face aux risques sismiques. Selon lui, le Code national du bâtiment, adopté pour imposer des normes de construction parasismiques, est largement ignoré. Les municipalités, responsables de l’application de ces normes, n’effectuent pas de contrôle rigoureux lors de la délivrance des permis de construire.
Des failles dans la gestion des risques
Prépetit a également critiqué le manque de suivi des études menées par le Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), qui avaient identifié des zones à risque et proposé des mesures pour les sécuriser. Ces recommandations sont restées lettre morte, laissant le pays exposé à des catastrophes futures.
Par ailleurs, l’ingénieur a dénoncé l’impact de l’insécurité sur la gestion des risques sismiques. La violence des gangs détourne les ressources financières nécessaires à la prévention et à la reconstruction. Elle force également des milliers de personnes à s’installer dans des zones hautement vulnérables, comme Laboule, située sur une faille sismique active.

Une densité urbaine dangereuse
Les zones densément peuplées comme Delmas et Pétion-Ville, où de nombreux déplacés internes ont trouvé refuge, sont particulièrement à risque. Prépetit a alerté sur le danger posé par cette concentration humaine dans des régions mal préparées, où des hôpitaux et des écoles récemment construits restent inadéquatement protégés contre les tremblements de terre.
L’urgence d’un engagement politique
Pour Claude Prépetit, la clé réside dans la stabilisation politique et la lutte contre l’insécurité. Sans un État fort et fonctionnel, capable de mobiliser les ressources nécessaires, la gestion des risques sismiques continuera de stagner.
Il appelle à une véritable prise de conscience nationale : « Haïti ne peut plus se permettre d’ignorer les leçons du passé. La sécurité et la résilience sismique doivent devenir des priorités absolues. »
Sensibilisation et espoir
Les participants, en majorité des étudiants, ont salué la clarté des explications de Claude Prépetit, qui leur ont permis de mieux comprendre les enjeux liés aux risques sismiques. La conférence s’est conclue par un appel à l’action : bâtir un avenir où la sécurité des citoyens passe avant tout.
En cette journée de commémoration, le message est clair : 15 ans après, Haïti doit agir avec urgence pour réduire sa vulnérabilité et protéger ses populations contre les catastrophes naturelles à venir.