Dans le cadre de la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), Haïti a été désigné comme pays examinateur de Saint-Kitts-et-Nevis pour évaluer ses mécanismes de prévention et de recouvrement des avoirs. L’annonce a été faite par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) dans une note publiée ce 3 février 2024.
Une mission confiée par les Nations Unies
Le Secrétariat de la Conférence des États Parties à la CNUCC a confié à Haïti cette mission d’évaluation lors de la quinzième session du Groupe d’examen de l’application, qui s’est tenue à Vienne du 4 au 8 novembre 2024. Cette initiative vise à analyser la conformité des dispositifs de lutte contre la corruption mis en place par Saint-Kitts-et-Nevis, en particulier sur les chapitres II (mesures préventives) et V (recouvrement des avoirs) de la convention.
Un processus rigoureux sous supervision haïtienne
L’examen sera mené par une équipe d’experts haïtiens dirigée par Me Hans Jacques Ludwig Joseph, en collaboration avec les autorités de Saint-Kitts-et-Nevis et sous la supervision de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). Le processus inclura des visites sur place, des entretiens avec les responsables gouvernementaux et des consultations avec la société civile. L’objectif est de dresser un bilan détaillé des avancées et des lacunes du pays en matière de lutte contre la corruption, tout en proposant des recommandations adaptées.
Un paradoxe pour Haïti ?
Membre de la CNUCC depuis le 14 mai 2007, Haïti participe régulièrement aux mécanismes de suivi et a déjà conduit des évaluations similaires, notamment en Corée du Sud. Cependant, cette désignation intervient alors qu’Haïti est lui-même confronté à des défis majeurs en matière de gouvernance. En 2024, le pays figure à la 168ᵉ place sur 180 dans l’Indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International, ce qui en fait l’un des États les plus affectés par ce fléau.
Si cette mission peut renforcer l’expertise d’Haïti dans la lutte contre la corruption, elle met également en lumière la nécessité pour le pays d’appliquer ces mêmes standards à son propre système.