Haïti et la Colombie viennent de sceller un partenariat stratégique historique pour renforcer la souveraineté alimentaire et le développement rural. Cette coopération Sud-Sud, soutenue par les plus hautes autorités des deux pays, ouvre une voie nouvelle pour l’agriculture haïtienne et pourrait changer la donne pour des milliers de producteurs.

Loin des traditionnels accords de coopération Nord-Sud, Haïti vient de franchir une étape décisive en s’alliant avec la Colombie dans un partenariat d’égal à égal. Cette initiative, orchestrée par le ministre Vernet Joseph et soutenue par le Conseil présidentiel de transition, marque un tournant dans la stratégie agricole nationale et pourrait enfin offrir des perspectives concrètes aux paysans haïtiens.

Un échange d’expertise qui porte déjà ses fruits

L’aventure a commencé en juillet 2025 avec le déplacement de 18 cadres du ministère de l’Agriculture (MARNDR) en Colombie. Ces professionnels haïtiens ont pu découvrir des innovations agricoles adaptées aux réalités tropicales, une expérience précieuse pour un pays où l’agriculture emploie encore plus de la moitié de la population active.

La réciprocité n’a pas tardé : du 18 au 25 août, une délégation de haut niveau menée par l’Université de Córdoba a séjourné en Haïti. Cette mission d’experts scientifiques et techniques colombiens marque une reconnaissance mutuelle des savoirs et des potentiels de chaque pays.

Quatre filières stratégiques au cœur du partenariat

Le protocole signé au Karibe le 19 mai dernier ne se contente pas de belles paroles diplomatiques. Il cible quatre filières cruciales pour la sécurité alimentaire haïtienne : le maïs, le haricot, le manioc et l’apiculture. Des productions qui parlent directement aux familles haïtiennes, qu’elles vivent dans les mornes de Jacmel ou dans les plaines de l’Artibonite.

Cette approche ciblée contraste avec les programmes génériques du passé. Pour les paysans qui peinent à nourrir leurs familles avec des techniques souvent obsolètes, l’apport de technologies colombiennes éprouvées pourrait représenter un véritable bond en avant.

Une alternative à la dépendance traditionnelle

Le plus révolutionnaire dans cette initiative, c’est sa philosophie. En misant sur la coopération Sud-Sud, Haïti et la Colombie démontrent qu’il existe des alternatives aux relations de dépendance classiques avec les pays du Nord. Une approche qui résonne particulièrement chez les Haïtiens de la diaspora, souvent témoins des limites de l’aide traditionnelle.

Cette coopération horizontale, portée par le président colombien Gustavo Petro et les conseillers présidentiels haïtiens Leslie Voltaire et Emmanuel Vertilaire, illustre une nouvelle diplomatie agricole basée sur la solidarité plutôt que sur l’assistanat.

Un appel à la mobilisation générale

Le MARNDR ne compte pas garder cette coopération dans les bureaux ministériels. L’appel lancé aux organisations de producteurs, au secteur privé et à la société civile témoigne d’une volonté d’inclusivité. Car au-delà des accords gouvernementaux, c’est bien sur le terrain, dans les exploitations familiales et les coopératives rurales, que se jouera le succès de cette initiative.

Vers une nouvelle géopolitique agricole

En s’affirmant comme « acteur moteur dans les Caraïbes et en Amérique latine », Haïti affiche des ambitions qui dépassent le cadre strictement national. Cette coopération pourrait inspirer d’autres pays de la région et repositionner Haïti sur l’échiquier agricole international.

Ce partenariat Haïti-Colombie marque-t-il l’émergence d’une nouvelle diplomatie agricole haïtienne ? Alors que le pays cherche depuis des décennies une voie vers l’autosuffisance alimentaire, cette coopération Sud-Sud pourrait enfin offrir des solutions adaptées aux réalités locales. Pour les milliers de paysans haïtiens qui espèrent vivre dignement de leur travail, cette alliance représente peut-être l’opportunité qu’ils attendaient.

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