New York, 2 janvier 2025 – Alors qu’Haïti fait face à une instabilité sans précédent, le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit ce mois-ci pour examiner les mesures nécessaires à la résolution de cette crise profonde. María Isabel Salvador, Représentante spéciale et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), présentera un rapport détaillé sur les récents développements politiques, sécuritaires et humanitaires.
Un contexte alarmant
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, Haïti s’enfonce dans un chaos marqué par la montée en puissance des gangs armés, l’effondrement institutionnel et une crise humanitaire sans précédent. Selon l’ONU, la majorité de Port-au-Prince est sous contrôle des gangs, provoquant des vagues de violences extrêmes, des déplacements massifs et une insécurité alimentaire touchant près de la moitié de la population.
La multiplication des massacres, comme celui de décembre 2024 à Cité Soleil ayant fait plus de 180 victimes, illustre la gravité de la situation. En parallèle, les infrastructures vitales, notamment l’aéroport international, sont devenues des cibles fréquentes des groupes criminels.
Un accord politique en quête de résultats
L’initiative de la CARICOM, qui a conduit à la formation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en 2024, suscitait de grands espoirs. Cependant, le processus est entravé par des divisions internes et des scandales de corruption. La nomination d’Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre intérimaire en novembre 2024 a alimenté des controverses, rendant encore plus difficile la mise en place d’un cadre électoral fiable.
Malgré ces obstacles, l’ONU continue d’appeler à l’organisation d’élections générales d’ici février 2026, considérant qu’un retour à l’ordre constitutionnel est une étape essentielle pour sortir le pays de l’impasse.
Soutien international : un bilan mitigé
Le déploiement de la Mission de soutien à la sécurité multinationale (MSS), dirigée par le Kenya, reste insuffisant. À ce jour, seuls 400 policiers ont été mobilisés, bien loin des 2 500 initialement prévus. Ce manque de ressources compromet les efforts pour stabiliser le pays.
Face à cette réalité, le Conseil de sécurité envisage de transformer la MSS en une mission de maintien de la paix financée par le budget régulier de l’ONU. Cependant, cette proposition divise profondément les membres permanents, notamment la Chine et la Russie, qui s’y opposent fermement.
Une réunion décisive
La session de janvier du Conseil de sécurité sera cruciale pour décider des prochaines étapes. Les priorités incluent le renforcement de la Police Nationale d’Haïti, une meilleure coordination de l’aide humanitaire et une pression accrue sur les autorités locales pour des avancées politiques significatives.
Le défi reste immense. Alors que la communauté internationale tente de maintenir son engagement, la population haïtienne attend désespérément des solutions concrètes pour mettre fin à un cycle de violence et de misère qui s’intensifie de jour en jour.