Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé intensifie sa guerre contre l’insécurité avec des moyens inédits : drones, snipers et opérations coup de poing. Plusieurs leaders de gangs ont été touchés, mais la bataille est loin d’être terminée, notamment dans le Nord où la menace grandit.
Fini le temps des demi-mesures. Depuis quelques semaines, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a donné un nouveau cap à la lutte contre l’insécurité qui ronge Haïti. « Je ne peux plus demander au peuple d’attendre, car moi-même, je ne pouvais plus attendre », confie-t-il à ses proches, traduisant l’urgence d’une situation qui a trop duré.
Cette détermination se traduit sur le terrain par une escalade technologique et tactique sans précédent. Drones kamikazes, tireurs d’élite et interventions coordonnées de la Police nationale d’Haïti (PNH) : l’arsenal déployé marque une rupture avec les approches précédentes.
Des coups durs pour les têtes de l’insécurité
Les résultats ne se font pas attendre. Vitelhomme, le redoutable chef du gang « Kraze Baryè », a échappé de justesse à un drone de précision, mais son bras gauche est désormais paralysé selon nos sources sécuritaires. Une blessure qui limite considérablement ses mouvements et son leadership sur le terrain.
Le tristement célèbre « Izo » n’a pas été épargné non plus. Gravement brûlé sur une grande partie de son corps, il a disparu de la circulation publique, terrorisé à l’idée d’une nouvelle frappe aérienne. Quant à « Barbecue », figure emblématique de l’insécurité qui avait l’habitude de narguer les autorités en plein jour, il a survécu à une attaque ciblée mais se cache désormais pour enregistrer ses vidéos. Son silence inhabituel sur les réseaux sociaux en dit long sur le changement de donne.
À Ti Lapli, plusieurs camps de gangs ont été entièrement démantelés. Les armes confisquées et les bases détruites redonnent un souffle d’espoir à une population qui s’était résignée à vivre sous la terreur.
Le Nord résiste encore, la tension monte
Si le Grand Sud respire un peu mieux, le Grand Nord reste un défi majeur. Les groupes dirigés par Jeff Gwo Lwa et Lanmò San Jou continuent leur progression inquiétante. Depuis mars, ils ont pris le contrôle de Mirebalais et de Saut-d’Eau, incendiant commissariats et mairies, transformant ces villes en véritables zones de non-droit.
Leur prochaine cible semble être Lascahobas, ville stratégique qui garde l’accès à la centrale hydroélectrique de Péligre. Hier encore, des affrontements ont eu lieu à quelques minutes seulement de l’entrée de la ville. Bien que repoussés par les forces de l’ordre, les assaillants n’ont pas dit leur dernier mot.
Cette situation préoccupe particulièrement à l’approche du 16 juillet, date de la célèbre fête de Saut-d’Eau où des milliers de pèlerins affluent traditionnellement pour célébrer Notre-Dame du Mont-Carmel. Cette tradition séculaire, chère au cœur des Haïtiens d’ici et d’ailleurs, risque d’être compromise par l’insécurité.
Un engagement sans faille malgré les défis
Face à ces enjeux, un responsable de la Primature nous a confié : « Le Premier ministre ne jure que par rétablir l’ordre dans le pays. Il est pleinement conscient de la portée symbolique et spirituelle de cette fête. Tout est mis en œuvre pour que les pèlerins puissent pratiquer leur foi en toute sécurité. »
Au-delà de l’urgence sécuritaire, Fils-Aimé garde le cap sur le retour à l’ordre constitutionnel. Pour lui, sécurité et démocratie vont de pair. Il entend redonner au peuple haïtien le pouvoir de choisir librement ses dirigeants. « L’État de droit ne peut exister dans la peur et le chaos », martèle une source proche de la Primature.
Cette offensive marque-t-elle enfin le début de la fin pour les gangs qui terrorisent Haïti depuis des années ? Ou s’agit-il d’une accalmie avant de nouveaux défis ? Une chose est sûre : pour la première fois depuis longtemps, l’État haïtien montre les dents. Reste à voir si cette détermination saura s’inscrire dans la durée et s’étendre à l’ensemble du territoire national.