Le ministre James Monazard dévoile un plan ambitieux centré sur les femmes, les jeunes et l’industrie nationale. Des micro parcs industriels aux financements ciblés, l’État veut faire des Haïtiens les moteurs de leur propre développement économique.
Dans un contexte où de nombreux compatriotes en Haïti comme dans la diaspora s’interrogent sur l’avenir économique du pays, le gouvernement du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé affiche ses ambitions. Lors de la 14ème édition des « Mardis de la Nation », le ministre du Commerce et de l’Industrie James Monazard a présenté une feuille de route qui place les acteurs locaux au cœur de la relance.
« Le gouvernement veut faire des Haïtiens les premiers acteurs de la transformation économique du pays », a martelé le ministre. Une déclaration qui résonne particulièrement pour nos compatriotes qui, de Port-au-Prince aux Gonaïves, en passant par Miami ou Montréal, aspirent à voir le pays reprendre son destin en main.
Les femmes et les jeunes au centre de la stratégie
Le gouvernement ne mise pas sur des promesses vagues. Des programmes concrets sont sur la table. Le Programme d’Appui à l’Entrepreneuriat Féminin (PAEF) sera d’abord déployé dans le département du Sud, ciblant les secteurs où les femmes haïtiennes excellent déjà : agriculture, artisanat, commerce de détail.
Parallèlement, le PAPEJ (Programme d’Appui aux Petites Entreprises de Jeunes) continue sur sa lancée après avoir accompagné 41 jeunes entreprises le mois dernier. Une initiative qui rappelle l’esprit d’innovation de nos compatriotes, qu’ils soient à Jacmel, à Cap-Haïtien ou dans les quartiers de Brooklyn où la communauté haïtienne entreprend depuis des décennies.
Relancer l’artisanat traditionnel avec des moyens modernes
Autre signal fort : des financements spécifiques pour la cordonnerie et la couture artisanale via le Fonds de Développement Industriel. Ces secteurs, piliers de l’économie populaire haïtienne, bénéficieront d’un coup de pouce bienvenu. Car qui ne se souvient pas des tailleurs de la Rue Pavée ou des cordonniers du Marché en Fer, véritables artistes de leur métier ?
L’approche gouvernementale mise sur les micro parcs industriels intégrant des sociétés mixtes en nom collectif. Ce modèle associe l’État, les communautés locales et les producteurs agricoles dans une logique de cogestion. L’objectif : créer des pôles de transformation régionaux qui valorisent les productions locales tout en créant de l’emploi sur le territoire.
Transparence et contrôle renforcé du marché
Face aux abus récurrents dans certains secteurs, le ministère durcit le ton. Augmentation du nombre d’inspecteurs, création d’un numéro d’alerte (106) pour signaler les dysfonctionnements, obligation d’étiquetage bilingue : autant de mesures qui visent à assainir un marché parfois gangréné par la spéculation.
Les secteurs stratégiques comme le gaz, l’eau et les carburants feront l’objet d’un contrôle renforcé. Une nécessité quand on sait combien ces produits de première nécessité pèsent sur le budget des familles haïtiennes.
La révolution numérique en marche
Avec plus de 5 800 entreprises déjà enregistrées sur la plateforme numérique du ministère, la formalisation de l’économie s’accélère. La création annoncée d’un guichet unique en ligne promet de simplifier les démarches administratives, un changement que nos entrepreneurs attendaient depuis longtemps.
Cette modernisation numérique pourrait aussi profiter aux Haïtiens de la diaspora désireux d’investir au pays, en leur offrant des procédures plus transparentes et accessibles à distance.
L’enjeu crucial de la loi HOPE/HELP
En arrière-plan, les négociations pour le renouvellement de la loi HOPE/HELP mobilisent toute l’attention du Premier ministre. Cette législation américaine, vitale pour l’industrie textile haïtienne, assure la survie de milliers d’emplois dans les zones franches. Son maintien représente un défi diplomatique majeur pour l’administration Fils-Aimé.
Cette stratégie économique saura-t-elle convaincre les Haïtiens, en Haïti comme à l’étranger, que le changement est enfin à portée de main ? Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’efficacité de ces mesures sur le terrain. Une chose est sûre : après des années de crise, le pays a besoin que ses dirigeants transforment les discours en résultats concrets.