Face à la crise qui secoue le pays, le gouvernement lance une initiative ambitieuse de reconstruction par le capital humain. Formation numérique, création d’emplois et développement des microentreprises : un programme qui vise à redonner espoir aux milliers de déplacés haïtiens, particulièrement ceux vivant hors de la capitale.
Un pari audacieux sur l’humain
Dans un contexte où les nouvelles sont souvent sombres, voici une lueur d’espoir. Le ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) s’apprête à lancer un programme national de « régénération du capital humain ». Une approche qui mise sur les compétences et la résilience des Haïtiens pour rebâtir le pays de l’intérieur.
Ketleen Florental, ministre de la Planification, a dévoilé cette initiative lors de la 18e édition des « Mardis de la Nation », ce 22 juillet. Un programme qui arrive à point nommé pour des milliers de familles déracinées par la violence et l’instabilité.
La révolution numérique au service des déplacés
Le cœur de cette initiative ? La formation aux outils numériques, couplée à la création d’emplois et au soutien aux microentreprises. Une stratégie moderne qui reconnaît que l’avenir d’Haïti passe aussi par sa capacité à s’adapter à l’ère digitale.
« Le MPCE pilotera un programme axé sur la formation numérique et la création d’emplois et de microentreprises », a expliqué la ministre. Ce projet, mené en partenariat avec le Centre technique de planification et d’économie appliquée (CTPEA), cible prioritairement les déplacés vivant dans le grand Nord, les zones frontalières et le Sud.
Pour nos compatriotes qui ont dû fuir Port-au-Prince et sa région métropolitaine, c’est l’opportunité de transformer un exil forcé en nouveau départ. Imaginez un menuisier de Cité Soleil qui découvre la menuiserie numérique dans le Nord, ou une couturière de Martissant qui développe sa clientèle via les plateformes en ligne depuis les Cayes.
Repenser l’aménagement du territoire
Au-delà de la formation, le gouvernement annonce une vision plus large : créer de nouvelles villes modernes et concentrer les investissements dans des pôles régionaux intégrés. Une approche qui pourrait enfin briser l’hyperconcentration de Port-au-Prince qui étouffe le pays depuis des décennies.
Cette décentralisation contrôlée rappelle les expériences réussies de pays comme le Rwanda post-génocide ou le Costa Rica, qui ont misé sur le développement régional équilibré pour reconstruire leur économie.
Mieux coordonner l’aide internationale
Le MPCE annonce également vouloir renforcer la coordination avec les ONG pour « assurer l’alignement de leurs projets avec les priorités nationales ». Une démarche salutaire quand on sait que parfois, les bonnes intentions des organisations internationales peinent à s’articuler avec les besoins réels du terrain.
Un programme qui doit tenir ses promesses
Le lancement est prévu avant la fin de l’exercice fiscal en cours, soit dans les prochains mois. Pour que cette initiative ne reste pas une belle annonce de plus, plusieurs défis devront être relevés : assurer un financement pérenne, former des formateurs compétents, et surtout, créer un environnement sécurisé pour que ces nouvelles compétences puissent s’épanouir.
L’espoir malgré tout
Pour la diaspora haïtienne qui suit avec inquiétude l’évolution du pays, ce programme représente peut-être le type d’initiative qu’elle attendait : concrète, moderne, et centrée sur les vraies ressources d’Haïti – son peuple. Car si la crise actuelle a révélé nos fragilités, elle a aussi montré l’extraordinaire capacité d’adaptation et de survie des Haïtiens.
Reste à voir si cette promesse de régénération trouvera les moyens de ses ambitions. L’avenir du pays pourrait bien en dépendre.