Port-au-Prince, le 28 janvier 2025 – L’industrie des anguilles en Haïti est plongée dans une tourmente de dénonciations et de controverses qui secouent non seulement le secteur économique, mais également la scène politique haïtienne. Au cœur de ce scandale, l’ex-sénateur Moïse Jean-Charles, accusé de favoritisme et de blanchiment d’argent, rejette fermement ces accusations et attaque l’Organisation des Nations unies (ONU) pour ce qu’il considère comme des manœuvres politiques visant à déstabiliser son mouvement et à soutenir ses opposants.

Une filière sous contrôle

Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent pour dénoncer le contrôle exercé par un groupe influent sur l’industrie des anguilles en Haïti. Ce groupe, dont les principaux membres sont Betty Lamy et Walson Sanon, tous deux proches collaborateurs de Moïse Jean-Charles, aurait obtenu des droits exclusifs sur la gestion du secteur grâce à des ententes avec le Ministère de l’Agriculture. Cette situation aurait permis à ces acteurs de se positionner en véritables maîtres du secteur, avec des accusations de favoritisme et de corruption à la clé.

Les soupçons de blanchiment d’argent ont été exacerbés par les déclarations de Ghada Waly, la directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), lors d’une intervention au Conseil de sécurité de l’ONU le 22 janvier 2025. Mme Waly a en effet mis en garde contre l’utilisation de l’industrie de l’anguille pour blanchir des fonds issus du trafic de drogue, une accusation qui a aussitôt été rejetée par l’ex-sénateur, Moïse Jean-Charles.

Moïse Jean-Charles défie l’ONU

Furieux de ces allégations, Moïse Jean-Charles a riposté en accusant l’ONU de mener une campagne de déstabilisation politique, notamment en soutenant un candidat à la présidence d’Haïti. Selon lui, les accusations de blanchiment d’argent ne sont qu’un prétexte pour discréditer son mouvement politique et nuire à ses ambitions futures.

Il a également reconnu avoir facilité l’attribution de la gestion du secteur des anguilles à ses proches, Betty Lamy et Walson Sanon. Ces derniers ont, pour leur part, affirmé avoir une emprise totale sur le Ministère de l’Agriculture, soulevant davantage de doutes quant à la transparence et à la gestion des ressources naturelles en Haïti.

Des appels à l’enquête

Malgré les démentis de l’ex-sénateur et les tentatives de minimiser les accusations, des voix se font entendre pour exiger des enquêtes indépendantes et transparentes. Le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHJAC) a notamment appelé à un examen approfondi de la situation, soulignant que l’absence de sanctions renforçait les risques de corruption qui pèsent sur une industrie stratégique pour le pays.

Le secteur des anguilles est d’une importance capitale pour l’économie haïtienne, notamment en raison de son rôle dans les exportations. Pourtant, l’opacité qui entoure sa gestion alimente les préoccupations sur les pratiques frauduleuses et les conséquences néfastes sur les communautés locales.

L’impasse politique et économique

La crise autour de l’exploitation des anguilles soulève des questions essentielles sur la gouvernance et la gestion des ressources naturelles en Haïti. Les accusations de l’ONU et les révélations sur les liens entre figures politiques et acteurs économiques déstabilisent davantage le climat de confiance au sein de la population haïtienne. Les critiques sur la gestion du secteur de l’anguille se multiplient, d’autant plus que la filière se trouve à la croisée des chemins : entre la nécessité de moderniser les pratiques et de garantir une exploitation équitable, et les risques de corruption qui gangrènent son développement.

Une crise qui appelle des solutions

La controverse sur l’exploitation des anguilles est loin d’être terminée et semble indiquer une crise plus profonde liée à la gouvernance des ressources naturelles et à la transparence des pratiques politiques en Haïti. Face à ce scandale, des mesures concrètes et un retour à la transparence s’imposent. L’implication de l’ONU et les déclarations de l’ex-sénateur ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu, mais la situation appelle à une approche rigoureuse et équitable pour restaurer la confiance des Haïtiens et garantir une exploitation durable de ce secteur vital.

L’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes, non seulement sur la politique interne du pays, mais également sur les relations d’Haïti avec les organisations internationales, alors que le pays cherche à sortir d’une crise politique et économique persistante.

Partager.
Laisser une réponse

Exit mobile version