Un rapport choc du RNDDH révèle comment des centaines d’Haïtiens croupissent dans des conditions inhumaines dans des commissariats transformés illégalement en centres de détention. Entre surpopulation, maladies et détentions arbitraires, c’est un véritable scandale humanitaire qui se déroule sous nos yeux.

Imaginez-vous enfermé dans une cellule sombre, sans air, où la chaleur étouffante se mélange à une odeur insupportable. Imaginez partager cet espace exigü avec des dizaines d’autres personnes, sans savoir si vous reverrez un jour la lumière du jour ou votre famille. Ce cauchemar, c’est la réalité quotidienne de centaines d’Haïtiens détenus dans les commissariats du pays.

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) vient de lever le voile sur cette tragédie silencieuse dans un rapport explosif publié le 30 mai 2025. Les révélations sont à glacer le sang.

Quand l’urgence devient permanente

Tout a basculé en mars 2024. Vous vous souvenez de ces attaques armées qui ont dévasté les principales prisons de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets ? Des milliers de détenus s’étaient évadés, laissant l’État haïtien dans un désarroi total. Face à ce chaos, les autorités ont trouvé une solution d’urgence : transformer les commissariats en prisons de substitution.

Ce qui devait être temporaire est devenu permanent. Aujourd’hui, des hommes, des femmes et même des enfants sont enfermés pour des mois, voire plus d’un an, dans des conditions qui défient toute humanité.

Entre avril et mai 2025, les enquêteurs du RNDDH ont visité dix postes de police dans l’Ouest : Delmas 33, Pétion-Ville, Tabarre, Port-au-Prince, l’Anse-à-Galets… Le constat est partout le même : l’horreur.

Des cellules qui tuent à petit feu

Dans ces commissariats devenus geôles, les détenus vivent un calvaire quotidien. Les cellules, conçues pour quelques heures de garde à vue, accueillent désormais des dizaines de personnes dans un espace dérisoire.

À Pétion-Ville, la gratelle se propage comme une traînée de poudre. À Tabarre, c’est la tuberculose qui frappe. À Canapé-Vert et Port-au-Prince, les infections se multiplient. Sans sanitaires dignes, sans soins médicaux, ces lieux sont devenus de véritables foyers de maladies.

La nourriture ? Un luxe. Beaucoup de détenus dépendent de la générosité de leurs codétenus ou de quelques policiers au grand cœur pour ne pas mourir de faim. Leurs familles, souvent, ne savent même pas où ils se trouvent.

Justice en panne, droits bafoués

Mais le pire, c’est peut-être l’absence totale de justice. Jean Chrisilome Romain croupit à Delmas 33 depuis janvier 2024, accusé d’enlèvement, sans avoir jamais vu un juge. Erline Thélusma, accusée de crimes graves, attend toujours son procès. Judeline Salien, elle, a été arrêtée uniquement parce qu’elle connaissait un présumé kidnappeur. Depuis juillet 2024, elle pourrit en cellule sans motif valable.

Ces histoires, ce ne sont pas des cas isolés. Ce sont les symboles d’un système judiciaire qui s’effondre, où la Constitution qui garantit un délai de garde à vue de 48 heures n’est plus qu’un bout de papier.

Quelques lueurs d’espoir dans les ténèbres

Heureusement, tout n’est pas noir. Le commissariat de Petit-Goâve tente de respecter une garde à vue de moins de huit jours. À Borne-Soldat et Delmas 62, les conditions sont moins dramatiques. Ces exceptions prouvent qu’avec de la volonté, il est possible de respecter la dignité humaine.

Mais ces cas restent rares dans un océan de violations des droits humains.

L’appel du RNDDH : il faut agir maintenant

Face à cette catastrophe humanitaire, le RNDDH exige des actions concrètes et immédiates :

  • Respecter enfin les 48 heures légales de garde à vue
  • Construire de vrais centres de détention aux normes internationales
  • Améliorer drastiquement les conditions sanitaires
  • Garantir l’accès à un avocat et aux soins médicaux pour tous
  • Transférer rapidement les condamnés vers des prisons adaptées

Notre responsabilité collective

Frères et sœurs haïtiens, où que vous soyez – que ce soit dans les rues de Port-au-Prince, les quartiers de Miami, les arrondissements de Montréal ou les banlieues de Paris – cette tragédie nous concerne tous. Ces détenus oubliés, ce sont nos compatriotes, nos frères et sœurs.

Dans nos foyers de la diaspora, nous pleurons souvent l’état de notre chère Haïti. Voici une occasion concrète de faire entendre notre voix. Partagez cette information, interpellez vos élus, soutenez les organisations de défense des droits humains.

Car aujourd’hui, ce sont eux qui croupissent dans ces geôles. Demain, dans ce pays où l’arbitraire règne, cela pourrait être n’importe lequel d’entre nous.

L’Histoire jugera notre génération : avons-nous fermé les yeux sur cette barbarie ou avons-nous eu le courage de dire « ça suffit » ?

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