Malgré les défis internes, Haïti marque des points sur la scène internationale. Deux juristes haïtiens viennent d’être élus à des postes clés de l’Organisation des États américains, redonnant à notre pays une voix forte dans les instances juridiques régionales.
Quand on parle d’Haïti dans l’actualité internationale, c’est trop souvent pour évoquer les crises politiques, l’insécurité ou les difficultés économiques. Mais cette fois, c’est une tout autre histoire qui se dessine. Le 27 juin dernier, à Saint John en Antigua-et-Barbuda, notre pays a remporté deux victoires diplomatiques importantes lors de la 55e Assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA).
Deux talents haïtiens à l’honneur
Lise Helda Christelle St-Natus Cavé et Vogly Pongnon ont été respectivement élus au Centre d’études de la justice des Amériques (CEJA) et au Comité juridique interaméricain (CJI). Ces nominations ne sont pas de simples formalités administratives : elles représentent une reconnaissance internationale de l’expertise juridique haïtienne.
Pour Lise Helda Christelle St-Natus Cavé, c’est même un exploit historique. Elle devient la première citoyenne haïtienne à intégrer le CEJA, une institution basée à Santiago du Chili qui accompagne la modernisation des systèmes judiciaires dans toutes les Amériques.
Un parcours qui inspire la diaspora
Le profil de Mme Cavé ressemble à celui de nombreux professionnels haïtiens de la diaspora : une formation internationale solide, une expérience qui traverse les frontières. Diplômée de l’Université ibéro-américaine de Saint-Domingue et de l’Université Antonio de Nebrija à Madrid, elle a aussi étudié à l’American University et s’est perfectionnée à Paris à la Chambre de commerce internationale.
Cette trajectoire illustre parfaitement la richesse du capital humain haïtien, qu’il soit en Haïti ou à l’étranger. Avec plus de dix ans d’expérience entre Haïti et la République dominicaine, elle incarne cette génération de professionnels qui maîtrisent les codes internationaux tout en gardant leurs racines haïtiennes.
Des institutions qui comptent vraiment
Ces deux organismes ne sont pas des clubs de discussion. Le CEJA, créé en 1999, travaille concrètement sur l’amélioration des systèmes judiciaires régionaux – un enjeu majeur pour un pays comme Haïti où la justice reste un défi quotidien. Le mandat de trois ans de Mme Cavé (jusqu’en 2029) lui donnera l’occasion d’apporter l’expérience haïtienne dans ces réflexions cruciales.
Le Comité juridique interaméricain, où siégera Vogly Pongnon jusqu’en 2028, se concentre sur le développement du droit international. Basé à Rio de Janeiro, cet organe consultatif créé en 1948 influence les grandes orientations juridiques de la région.
Un message fort pour la diaspora
Ces élections arrivent à un moment symbolique important. Alors qu’Haïti traverse une période difficile, voir des compatriotes reconnus au plus haut niveau international rappelle que le talent haïtien existe et qu’il est apprécié au-delà de nos frontières.
Pour les milliers d’Haïtiens qui exercent des professions juridiques à Miami, Montréal, New York ou Paris, ces nominations prouvent que l’expertise haïtienne a sa place dans les grandes institutions internationales. Elles montrent aussi que la formation reçue en Haïti, complétée par l’expérience internationale, peut mener aux plus hautes responsabilités.
Une diplomatie qui porte ses fruits
Le ministère des Affaires étrangères a raison de saluer ces élections comme un « renforcement de la présence d’Haïti sur la scène internationale ». Dans un contexte où notre pays doit souvent se battre pour faire entendre sa voix, avoir des représentants dans ces instances juridiques stratégiques constitue un atout précieux.
Ces nominations interviennent également alors que la région traverse des turbulences politiques et que les questions de justice et de droit international deviennent centrales dans les débats régionaux.
Ces victoires nous rappellent qu’Haïti dispose d’un capital humain exceptionnel, capable de briller sur toutes les scènes. Elles prouvent aussi que malgré les difficultés, notre pays garde sa capacité à surprendre positivement. Maintenant, il faut espérer que ce rayonnement international se traduira par des avancées concrètes pour la justice en Haïti.