Bonne nouvelle pour les voyageurs haïtiens ! Après plus de sept mois de suspension, les vols domestiques reprendront le 12 juin prochain grâce à un accord signé entre l’État et Sunrise Airways. Une bouffée d’oxygène pour un pays où les routes sont contrôlées par les gangs et où voyager relevait du parcours du combattant.
« Kote gen espwa, gen lavi » – là où il y a de l’espoir, il y a de la vie. Cette phrase résume parfaitement ce que représente la reprise des vols domestiques pour des milliers d’Haïtiens qui n’osaient plus voyager entre les villes du pays depuis octobre 2024.
Un accord historique pour relancer la mobilité
Le protocole signé ce jeudi 5 juin entre le gouvernement haïtien et Sunrise Airways marque un tournant décisif. Fini les voyages terrestres à haut risque vers Cap-Haïtien, Jacmel, Jérémie ou Les Cayes. Dès le 12 juin, les liaisons aériennes internes reprendront vie à l’aéroport Guy Malary.
Cette décision intervient après des mois de négociations serrées. Car il faut le dire franchement : voler en Haïti aujourd’hui, c’est prendre des risques. Les incidents d’octobre 2024, où plusieurs avions ont essuyé des tirs lors de leur approche ou au décollage, ont marqué les esprits et poussé les compagnies à suspendre leurs services.
L’État met la main à la poche
Pour convaincre Sunrise Airways de reprendre les vols, l’État haïtien a dû sortir le grand jeu. Une assurance complémentaire de 11 millions de dollars américains sera fournie par le ministère de l’Économie et des Finances. Cette garantie couvrira les risques liés à l’instabilité sécuritaire – un euphémisme pour parler de la menace permanente des gangs armés.
« Sunrise Airways a accepté de répondre à cette sollicitation sous réserve qu’une solution d’assurance complémentaire soit proposée », précise la compagnie dans son communiqué. Une façon diplomatique de dire : « Nous voulons bien voler, mais pas à nos risques et périls ».
Plus qu’un simple vol : un symbole de résistance
Yves Ducarmel François, directeur de l’Autorité aéroportuaire nationale, ne s’y trompe pas : « Cette reprise symbolise la résilience, la détermination et l’espoir d’un pays qui cherche encore et toujours sa voie ».
Pour le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, c’est « un signal fort : Haïti est en mouvement, avec détermination, vers la reprise ». Des mots qui résonnent particulièrement pour les Haïtiens de la diaspora qui n’osaient plus visiter leur famille en province.
La réalité du terrain : quand les routes deviennent impraticables
Il faut comprendre le contexte pour mesurer l’importance de cette reprise. Depuis quatre ans, les entrées et sorties nord et sud de Port-au-Prince sont contrôlées par des gangs armés. Résultat : voyager par la route relève de l’exploit, et les tarifs de transport ont explosé.
Un voyage vers le Sud ou le Nord du pays coûte aujourd’hui les yeux de la tête, quand il est possible. Les familles se retrouvent séparées, les affaires stagnent, et l’économie régionale suffoque. Dans ce contexte, retrouver des liaisons aériennes, c’est comme retrouver un poumon pour respirer.
Une lueur d’espoir pour l’économie nationale
Cette reprise des vols domestiques pourrait avoir des effets en cascade. Pour les commerçants, c’est la possibilité de relancer les échanges entre régions. Pour les familles, c’est l’espoir de se retrouver sans risquer sa vie sur les routes. Pour les investisseurs, c’est un signal que le pays essaie de se relever.
Philippe Bayard, président de Sunrise Airways, a travaillé en étroite collaboration avec toutes les autorités compétentes pour établir des protocoles de sécurité. Un travail de fourmi qui pourrait inspirer d’autres initiatives.
Cette reprise des vols domestiques, c’est un peu comme allumer une bougie dans l’obscurité. Certes, elle n’éclaire pas tout, mais elle montre qu’il est possible d’avancer malgré les difficultés. Pour nous Haïtiens, habitués à nous adapter et à survivre, c’est une victoire de plus dans notre longue lutte pour la dignité. Espérons que d’autres suivront et que le ciel haïtien redeviendra un espace de liberté et de mouvement pour tous.