Face à la crise sécuritaire qui pousse des milliers d’enfants dans les bras des gangs, les autorités haïtiennes lancent enfin une initiative concrète. Une commission spécialisée vient d’être installée pour restructurer les centres d’accueil et offrir une alternative à ces jeunes en détresse.

Une réponse urgente à une tragédie nationale

Le mardi 24 juin 2025, dans les jardins de la Villa d’Accueil, s’est tenue une cérémonie qui pourrait marquer un tournant dans la protection de l’enfance haïtienne. La Commission présidentielle de restructuration des centres d’accueil pour enfants a été officiellement installée, sous les regards attentifs du président du Conseil Présidentiel de Transition, Fritz Alphonse Jean, et de plusieurs membres du gouvernement.

Cette initiative n’arrive pas par hasard. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), entre 25 et 30% des membres des gangs haïtiens sont des enfants. Une réalité glaçante qui résonne particulièrement dans les familles haïtiennes, qu’elles vivent à Port-au-Prince, aux Gonaïves, ou dans la diaspora de Miami, Montréal ou Paris, où beaucoup s’inquiètent pour leurs proches restés au pays.

Sept experts pour une mission titanesque

Dirigée par André Ibreus, la commission rassemble sept membres aux profils complémentaires : Jules Moïse, Marleine Benrard Delva, Claude Mane Das, Étienne Salvador, Nora Jean François et Rose Andrée Bien-aimé. Leur mission ? Révolutionner l’approche haïtienne de la protection de l’enfance en créant un véritable réseau national de centres d’accueil et de maisons de rééducation.

« L’intérêt supérieur de l’enfant sera au cœur de tous nos projets », a déclaré le coordinateur André Ibreus, une promesse qui fait écho aux préoccupations de tous les parents haïtiens qui voient leurs enfants grandir dans un environnement de plus en plus hostile.

Un plan d’action ambitieux

La commission ne se contente pas de bonnes intentions. Elle a un mandat précis : dresser un état des lieux complet des structures existantes, définir une politique publique cohérente, et surtout, mobiliser les ressources nécessaires pour offrir une alternative concrète aux enfants tentés par la délinquance.

Cette approche s’inscrit dans la continuité de la Politique Nationale de Protection et de Promotion Sociale (PNTPS), mise en place depuis juin 2020 par le ministère des Affaires Sociales et du Travail. Une stratégie qui vise à s’attaquer aux racines du problème : la pauvreté, l’abandon scolaire, et le manque d’opportunités qui poussent ces jeunes vers les gangs.

Quand la faim devient un recruteur

La réalité est cruelle : beaucoup d’enfants rejoignent les gangs simplement pour survivre, pour avoir un repas quotidien. Ils deviennent des « ti-bòkò » (guetteurs), surveillent les personnes kidnappées, et finissent par participer aux affrontements armés. Une spirale de violence qui brise des familles entières, y compris celles de la diaspora qui voient leurs neveux, cousins ou voisins sombrer dans cette tragédie.

L’espoir d’un nouveau départ

Pour les familles haïtiennes, qu’elles soient à Pétion-Ville ou à Brooklyn, cette commission représente peut-être une lueur d’espoir. Enfin, une approche structurée qui ne se contente pas de réprimer, mais qui cherche à prévenir et à réhabiliter.

Reste maintenant à voir si cette belle initiative saura résister aux défis de la réalité haïtienne : manque de ressources, insécurité grandissante, et défiance des communautés. Car au-delà des discours, c’est l’avenir de toute une génération qui se joue. Une génération qui mérite mieux que de choisir entre la faim et les armes.

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