Le nouveau chargé d’affaires américain en Haïti mise sur la sécurité et la collaboration pour sortir le pays de l’impasse. Avec un parcours diplomatique impressionnant et une connaissance du terrain haïtien, Henry T. Wooster annonce la couleur : priorité absolue à la lutte contre les gangs.
« Men anpil chay pa lou » – « Plusieurs mains rendent le fardeau léger ». En concluant son message d’introduction par ce proverbe créole bien connu, Henry T. Wooster a d’emblée donné le ton de sa mission en Haïti. Le nouveau chargé d’affaires américain, qui vient de prendre ses fonctions à Port-au-Prince, mise sur la coopération internationale pour affronter la crise sécuritaire qui paralyse le pays.
Une mission claire : sécuriser Haïti
Dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de l’ambassade américaine, le diplomate n’y va pas par quatre chemins. Sa priorité est limpide : « nous pencher sur la situation de la sécurité ». Une déclaration qui résonne fortement auprès des Haïtiens, qu’ils soient à Port-au-Prince, dans les provinces ou éparpillés aux quatre coins de la diaspora.
« Depuis trop longtemps les gangs criminels ont recours à la violence pour terroriser Haïti en vue de leur enrichissement personnel au détriment des Haïtiens ordinaires », martèle Wooster. Une analyse que partagent pleinement les familles haïtiennes de New York, Miami ou Montréal, contraintes d’assister impuissamment aux souffrances de leurs proches restés au pays.
Un diplomate qui connaît le terrain
Ce qui distingue Henry T. Wooster de ses prédécesseurs, c’est sa connaissance directe de la réalité haïtienne. Entre 1998 et 2000, il a déjà servi comme consul à l’ambassade américaine de Port-au-Prince. Une expérience qui lui a permis de comprendre les subtilités de la société haïtienne, ses défis mais aussi ses ressources.
« Je veux entendre vos voix, vos idées et vos souhaits pour l’avenir », promet-il. Une approche qui tranche avec l’image parfois distante de la diplomatie américaine. Pour les organisations de la société civile haïtienne et les leaders communautaires de la diaspora, cette ouverture au dialogue pourrait marquer un tournant dans les relations haïtiano-américaines.
Un parcours diplomatique exceptionnel
Le profil de Wooster impressionne. Diplomate de carrière avec le rang de ministre-conseiller, il a navigué dans les zones les plus complexes de la planète. Ambassadeur en Jordanie de 2020 à 2023, spécialiste du Moyen-Orient, ancien conseiller à Moscou et Islamabad : peu de diplomates peuvent se targuer d’une telle expérience des crises internationales.
Cette expertise acquise dans des contextes aussi variés que délicats pourrait s’avérer précieuse pour Haïti. Car si chaque crise est unique, les mécanismes de résolution des conflits et de construction de la paix présentent souvent des similitudes. L’expérience jordanienne de Wooster, dans un pays confronté aux défis de la stabilité régionale, pourrait notamment inspirer des solutions innovantes.
Le renforcement de la PNH et de la MMAS au cœur de la stratégie
Wooster annonce clairement les priorités américaines : renforcer le soutien à la Police nationale d’Haïti (PNH) et à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Une approche qui mise sur les institutions existantes plutôt que sur des solutions externes.
Cette stratégie fait écho aux attentes exprimées par de nombreux Haïtiens, y compris dans la diaspora, qui préfèrent voir leurs compatriotes reprendre le contrôle de leur destin plutôt que de dépendre indéfiniment de l’aide internationale. Les envois de fonds de la diaspora, estimés à près de 4 milliards de dollars par an, témoignent de cette volonté de soutenir le développement du pays par les Haïtiens eux-mêmes.
Un polyglotte au service de la diplomatie
Le profil linguistique de Wooster constitue un atout non négligeable. Francophone courant, il maîtrise également le russe et possède des notions d’arabe, de persan et même d’araméen. Cette diversité linguistique reflète sa capacité à naviguer dans différents univers culturels – une qualité essentielle pour comprendre la complexité haïtienne, tissée d’influences créoles, africaines, européennes et américaines.
L’espoir d’une approche renouvelée
L’arrivée de Wooster intervient à un moment critique. Alors que les gangs contrôlent une grande partie du territoire national et que la population vit dans la peur quotidienne, les Haïtiens attendent des signaux forts de la communauté internationale.
Son expérience au Conseil de sécurité nationale américain et au Commandement des opérations spéciales pourrait également s’avérer décisive dans la coordination des efforts internationaux. Car au-delà des déclarations, c’est bien de coordination opérationnelle dont Haïti a besoin pour sortir de l’impasse sécuritaire.
Avec Henry T. Wooster, les États-Unis semblent miser sur l’expérience et la connaissance du terrain pour aborder la crise haïtienne. Son message d’ouverture au dialogue et sa volonté de « porter le fardeau à plusieurs mains » offrent-ils enfin l’espoir d’une solution durable ? Pour les millions d’Haïtiens qui rêvent de retrouver un jour un pays en paix, chaque nouvelle initiative diplomatique porte en elle cette lueur d’espoir. Reste à voir si les actes suivront les paroles dans les mois à venir.