L’ancien Premier ministre Jean Henry Céant fait son grand retour sur la scène politique avec un message sans détour : le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a échoué et le pays doit d’urgence négocier un nouvel accord politique d’un an pour éviter le chaos après février 2026.
Après des années de discrétion forcée suite à ses démêlés avec feu Jovenel Moïse et aux sanctions canadiennes qui l’ont frappé, Me Jean Henry Céant revient en force. À travers son parti Renmen Ayiti, l’homme politique livre une analyse cinglante de la situation actuelle et dessine sa vision pour sortir Haïti de l’impasse.
Laurent Saint-Cyr face à un défi titanesque
Dans un communiqué au ton particulièrement direct, Céant met la pression sur Laurent Saint-Cyr, le représentant du secteur privé qui doit prendre les rênes du CPT en août prochain. Pour l’ancien chef du gouvernement, Saint-Cyr hérite d’une « tâche majeure » : stabiliser un pays en pleine dérive avec seulement 150 jours devant lui.
« Laurent Saint-Cyr n’aura que cinq mois pour corriger quinze mois d’indécision, d’atermoiements et de dérives », martèle Céant, pointant du doigt l’incapacité du CPT à remplir ses promesses initiales. Ni la sécurité n’a été rétablie, ni la Conférence Nationale organisée, ni le calendrier électoral établi.
Un constat d’échec sans appel
Le diagnostic de Renmen Ayiti est impitoyable. Malgré les espoirs suscités par la présidence de Fritz Alphonse Jean, qualifiée de « tant prometteuse », le bilan reste dramatique. Les engagements pris par le CPT – créer un climat sécuritaire, organiser une Conférence Nationale, établir un calendrier électoral – sont tous restés lettre morte.
Pour Céant, il faut que Saint-Cyr commence par « prendre acte, avec courage, devant la nation de l’échec du Conseil Présidentiel de Transition ». Un aveu public qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle dynamique politique.
Un accord global comme bouée de sauvetage
La proposition phare de l’ancien Premier ministre ? Négocier d’urgence un « accord sociétal global » qui organiserait une transition d’une année supplémentaire à partir du 7 février 2026. Cette entente devrait rassembler tous les acteurs politiques, y compris ceux actuellement exclus du CPT.
Ce plan ambitieux prévoit la mise en place d’un organe de surveillance gouvernementale, l’élaboration d’une stratégie sécuritaire efficace, la création d’une Assemblée Constituante et surtout, l’organisation d’élections « fiables et démocratiques ». Un programme qui rappelle étrangement les promesses déjà entendues depuis des années en Haïti.
La Caricom en embuscade
L’intervention de Céant intervient au moment où des sources indiquent une reprise imminente des discussions entre la Caricom et les acteurs politiques haïtiens. Une coïncidence qui n’en est probablement pas une, l’ancien Premier ministre cherchant visiblement à se repositionner comme un interlocuteur incontournable dans les négociations à venir.
Avec ce retour fracassant, Jean Henry Céant envoie un signal clair à la classe politique : malgré les sanctions et les années d’exil doré, il compte bien jouer un rôle central dans l’avenir d’Haïti. Reste à savoir si ses propositions trouveront un écho favorable dans un paysage politique haïtien habitué aux promesses non tenues et aux transitions qui s’éternisent.