Face aux accusations de plagiat qui défrayent la chronique depuis des semaines, l’artiste franco-haïtien sort enfin de son silence. Dans un podcast, il tend la main à son compatriote musicien tout en reconnaissant ses torts. Une affaire qui divise la communauté haïtienne des deux côtés de l’Atlantique.

L’affaire qui agite depuis avril dernier les réseaux sociaux haïtiens vient de connaître un nouveau rebondissement. Joé Dwèt Filé, l’une des figures montantes de la musique caribéenne en France, a finalement pris la parole pour répondre aux graves accusations portées contre lui par le pianiste et compositeur haïtien Fabrice Rouzier.

C’est dans l’émission « Culture Knock Out », un podcast suivi par de nombreux jeunes de la diaspora haïtienne, que l’artiste a choisi de s’exprimer. Une première depuis que l’affaire a éclaté au grand jour le 22 avril dernier, quand Rouzier a déposé une plainte devant un tribunal fédéral américain.

Un « malentendu » qui coûte cher

« Pour moi, c’est juste une question d’incompréhension », a déclaré Joé Dwèt Filé face aux micros de Culture Knock Out. Selon ses dires, tout serait parti d’un problème de communication entre les équipes. Le musicien haïtien aurait bien tenté d’entrer en contact avec l’équipe de Joé, mais le message ne serait jamais arrivé à bon port.

« De ce que je sais, il a essayé de rentrer en contact avec nous… On a répondu, mais peut-être que ça ne lui a pas été bien communiqué », explique l’artiste, visiblement soucieux d’apaiser les tensions. Une explication qui rappelle ces situations que connaissent bien les familles haïtiennes éparpillées entre Port-au-Prince, Miami, Montréal et Paris, où les malentendus naissent souvent de communications ratées.

La reconnaissance, premier pas vers la réconciliation

Ce qui frappe dans les déclarations de Joé Dwèt Filé, c’est sa volonté de reconnaître ses torts. « C’est plus une histoire de crédit, de respect qu’il pense qu’on ne lui a pas donné alors que je le respecte énormément. Je pense qu’il a raison en quelque sorte », confie-t-il avec une franchise qui tranche avec les habituelles stratégies d’évitement.

Cette approche pourrait surprendre dans le milieu musical international, mais elle s’inscrit parfaitement dans l’esprit haïtien du « pale, koute, konprann » – parler, écouter, comprendre. Une philosophie de dialogue que prônent souvent les anciens pour résoudre les conflits familiaux ou communautaires.

Un différend qui dépasse les personnalités

Au-delà des deux artistes, cette affaire implique des poids lourds de l’industrie musicale. La plainte vise également Burna Boy, star internationale de l’afrobeat, ainsi que plusieurs maisons de disques prestigieuses comme Atlantic Records et Universal Music Publishing France. En cause : l’utilisation présumée non autorisée d’éléments de la chanson « Je Vais » de Fabrice Rouzier dans les morceaux « 4 Kampé » et « 4 Kampé II ».

Cette dimension internationale de l’affaire soulève des questions importantes pour les créateurs haïtiens. Comment protéger leur patrimoine artistique dans un monde musical globalisé ? Comment s’assurer que les collaborations internationales respectent les droits de chacun ?

L’enjeu de la créativité haïtienne

Pour la communauté haïtienne, cette polémique va bien au-delà d’un simple différend entre artistes. Elle met en lumière les défis que rencontrent les créateurs haïtiens pour faire reconnaître et respecter leur travail sur la scène internationale. Des compositeurs de compas aux producteurs de rap kreyòl, nombreux sont ceux qui ont vu leurs créations reprises sans crédit ni compensation.

L’affaire Rouzier-Joé Dwèt Filé pourrait ainsi faire jurisprudence et encourager d’autres artistes haïtiens à défendre leurs droits avec plus de fermeté.


Alors que la justice américaine se penchera bientôt sur le fond de cette affaire, les déclarations conciliantes de Joé Dwèt Filé ouvrent-elles la voie à un règlement à l’amiable ? Dans une communauté haïtienne déjà divisée sur tant de sujets, cette réconciliation entre deux talents de la diaspora ne serait-elle pas le plus beau des exemples à donner ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : cette histoire nous rappelle que derrière chaque mélodie se cache un créateur qui mérite respect et reconnaissance.

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