Saint-Domingue, 27 février 2025 – Le président dominicain Luis Abinader a signé un décret déclarant officiellement les gangs haïtiens comme « organisations terroristes », renforçant ainsi la politique de sécurité du pays face à l’instabilité croissante en Haïti. Cette décision survient alors que plus de 5 000 personnes ont été tuées en Haïti en 2024en raison des violences attribuées à ces groupes armés.
Un renforcement de la politique sécuritaire dominicaine
Selon ce décret, toute personne affiliée à ces organisations et entrant sur le territoire dominicain sera arrêtée et poursuivie en vertu des lois antiterroristes. Les forces de sécurité dominicaines ont reçu pour consigne d’adopter une politique de tolérance zéro afin de protéger la souveraineté nationale.
Cette mesure s’inscrit dans une stratégie globale de durcissement adoptée par Saint-Domingue, qui comprend :
- Le renforcement du dispositif militaire à la frontière avec Haïti,
- L’intensification des expulsions massives d’Haïtiens en situation irrégulière (environ 10 000 par semaine depuis octobre 2024),
- Des restrictions migratoires plus strictes pour les ressortissants haïtiens.
Haïti toujours en attente d’une décision similaire
Pendant que la République Dominicaine adopte une position ferme, Haïti n’a pas encore officiellement classé ces groupes comme des organisations terroristes, malgré les appels répétés des acteurs politiques et de la société civile.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a exprimé sa volonté de renforcer la lutte contre les gangs, mais cherche toujours un consensus national et international pour accompagner une telle décision. Le gouvernement haïtien plaide notamment pour une réponse coordonnée impliquant la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS), dont le déploiement reste un enjeu crucial.
Une politique migratoire sous le feu des critiques
Si la République Dominicaine justifie ses expulsions massives comme une nécessité pour sa sécurité nationale, cette politique est vivement critiquée par les organisations de défense des droits humains. Des ONG dénoncent des conditions inhumaines, des violations des droits fondamentaux, et une approche qui ne traite pas les causes profondes de la crise haïtienne.
Alors que la tension sécuritaire et migratoire continue de s’intensifier, la coopération régionale et internationale sera déterminante pour éviter une aggravation de la crise et trouver des solutions durables à l’instabilité en Haïti.