En marge de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, le conseiller-président Laurent Saint-Cyr a rencontré le nouveau secrétaire général de l’OEA, Albert Ramdin. Une rencontre qui relance l’espoir d’un soutien international renforcé pour sortir Haïti de sa crise multidimensionnelle. Mais entre les promesses diplomatiques et la réalité du terrain, le fossé reste immense.

Une rencontre au sommet qui fait du bruit

Loin du chaos de Port-au-Prince, c’est sur la Côte d’Azur française que Laurent Saint-Cyr a tenté de redorer l’image d’Haïti sur la scène internationale. Sa rencontre avec Albert Ramdin, fraîchement installé à la tête de l’Organisation des États américains depuis le 26 mai, marque peut-être un tournant dans l’approche régionale de la crise haïtienne.

Pour le nouveau patron de l’OEA, originaire du Suriname, Haïti représente déjà une priorité absolue de son mandat. Un signal fort qui tranche avec l’attitude parfois tiède de ses prédécesseurs face aux malheurs de la première république noire indépendante.

Des promesses concrètes sur la table

Albert Ramdin n’y va pas par quatre chemins : l’OEA veut jouer un rôle « constructif » dans tous les domaines clés. Au menu des discussions, un véritable plan de bataille contre l’insécurité qui gangrène le pays.

La sécurité occupe naturellement le haut de l’agenda, avec des propositions concrètes : renforcement des capacités de la Police nationale d’Haïti (PNH), lutte acharnée contre le trafic d’armes qui alimente la violence, sécurisation des ports devenus de véritables passoires, et offensive coordonnée contre les gangs armés qui terrorisent la population.

Mais l’OEA ne compte pas s’arrêter là. L’organisation promet également un soutien pour l’aide humanitaire destinée aux déplacés internes – ils sont plus d’un million aujourd’hui – et s’engage à faciliter la recherche d’un consensus national en coordination avec la CARICOM.

Une mission régionale de sécurité dans les tuyaux ?

Le point le plus intriguant de cette rencontre concerne la possibilité d’un déploiement d’une mission régionale de sécurité sous coordination de l’OEA. Une initiative qui pourrait compléter ou même remplacer la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dirigée par le Kenya, dont les résultats peinent à convaincre.

Cette proposition soulève des questions importantes : s’agirait-il d’une force d’intervention plus adaptée aux réalités caribéennes ? Les pays de la région seraient-ils plus motivés à s’impliquer directement ? L’efficacité serait-elle au rendez-vous là où d’autres missions ont échoué ?

Entre diplomatie et réalité du terrain

Laurent Saint-Cyr, qui prendra officiellement les rênes du CPT dans quelques semaines, mise gros sur cette alliance avec l’OEA. Il a réaffirmé « la volonté du Conseil présidentiel de conduire le pays vers un retour à l’ordre constitutionnel », une promesse maintes fois entendue mais jamais tenue.

Le représentant du secteur privé sait pertinemment que son mandat sera jugé sur sa capacité à organiser les élections générales et le référendum constitutionnel promis depuis des mois. L’appui de l’OEA pourrait être décisif, mais suffit-il face à l’ampleur des défis ?

Nice, une vitrine pour Haïti

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre plus large de la participation haïtienne à la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3). Pour un pays insulaire vulnérable comme Haïti, confronté aux changements climatiques et à la dégradation environnementale, cette tribune internationale revêt une importance stratégique souvent sous-estimée.


Tandis que Laurent Saint-Cyr collectionne les poignées de main diplomatiques sur la Riviera française, Port-au-Prince reste sous le joug des gangs et la population continue de souffrir. Entre les belles promesses de Nice et la dure réalité haïtienne, il y a un océan de défis à relever. La question reste entière : ces nouveaux engagements internationaux produiront-ils enfin les résultats tant attendus, ou s’ajouteront-ils à la longue liste des espoirs déçus ? Le peuple haïtien, lui, attend des actes, pas des communiqués.

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