Le 23 janvier prochain, le Conseil de sécurité des Nations Unies tiendra sa session trimestrielle sur la crise en Haïti. María Isabel Salvador, Représentante spéciale et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), y présentera un rapport exhaustif sur les défis politiques, sécuritaires et humanitaires, ainsi que le dernier compte rendu du Secrétaire général sur les activités du BINUH.
Une crise multidimensionnelle alarmante
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, Haïti est plongé dans une spirale de violence et d’instabilité. Les gangs armés contrôlent environ 85 % de la capitale, recourant à des enlèvements, violences sexuelles et assassinats pour asseoir leur domination. En 2024, les affrontements et massacres ont fait 5 600 morts, dont des épisodes tragiques comme ceux de Pont-Sondé (115 morts) et de Cité Soleil (180 morts).
En parallèle, plus d’un million d’Haïtiens sont déplacés à l’intérieur du pays, tandis que 4,9 millions vivent en insécurité alimentaire aiguë, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et les Nations Unies.
Les efforts internationaux pour une stabilisation
Pour répondre à cette crise, la communauté internationale a soutenu plusieurs initiatives, notamment l’accord politique de la CARICOM en février 2024. Cet accord a conduit à la création d’un Conseil présidentiel de transition (CPT) chargé de restaurer la sécurité et de préparer des élections prévues en février 2026. Cependant, des blocages internes et des scandales de corruption freinent les avancées du CPT, particulièrement la mise en place d’un conseil électoral provisoire.
La mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS), autorisée par la résolution 2699, est également confrontée à des limites logistiques. Avec seulement 400 agents sur les 2 500 prévus, son impact reste limité face à la puissance des gangs armés. Une proposition pour transformer la MSS en une mission de maintien de la paix onusienne est en discussion, dans l’espoir d’un financement et d’un soutien logistique plus robustes.
Une situation humanitaire et des droits humains critiques
Les défis sécuritaires s’accompagnent de violations massives des droits humains. En septembre 2024, un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies a dénoncé des violences généralisées incluant des meurtres, des actes de torture et l’exploitation des enfants. Ces abus étendent leurs ravages bien au-delà de Port-au-Prince, affectant les communautés rurales.
Les attentes pour la session du Conseil de sécurité
Alors que le Conseil de sécurité se réunit, la pression monte pour des décisions concrètes. Les membres exhortent les autorités haïtiennes à accélérer la mise en œuvre de la transition politique et à renforcer la Police nationale d’Haïti (PNH). Par ailleurs, des recommandations stratégiques sont attendues de la part du Secrétaire général pour orienter les prochaines étapes du soutien international.
Vers une issue durable
L’objectif ultime reste clair : stabiliser le pays pour permettre l’organisation d’élections libres et transparentes, tout en s’attaquant aux causes structurelles de l’instabilité. Les discussions du 23 janvier pourraient marquer un tournant décisif dans l’engagement de la communauté internationale à accompagner Haïti vers un avenir plus stable et prospère.