Le Saint-Siège tire la sonnette d’alarme face aux expulsions massives et aux violations des droits humains subies par plus d’un million de compatriotes vivant chez nos voisins dominicains. Une tragédie humanitaire qui touche particulièrement les femmes enceintes.
Dans un article percutant publié par Vatican News, le Saint-Siège jette une lumière crue sur le calvaire que vivent nos compatriotes en République dominicaine. Plus d’un million d’Haïtiens, fuyant l’insécurité et la crise économique qui ravagent notre pays, se retrouvent aujourd’hui pris au piège d’une politique migratoire de plus en plus répressive.
150 000 expulsions en six mois : l’escalade répressive
Depuis le début de l’année 2025, les chiffres donnent le vertige : 150 000 Haïtiens ont été expulsés de République dominicaine, selon Vatican News. Cette accélération fait suite aux 15 mesures drastiques annoncées par le président dominicain Luis Abinader en avril dernier.
Parmi ces mesures : 1 500 soldats supplémentaires déployés à la frontière, 13 kilomètres de mur additionnels, 750 nouveaux agents d’immigration, et des sanctions contre toute personne aidant les migrants haïtiens. Mais la mesure la plus choquante concerne les hôpitaux.
Quand se soigner devient un piège mortel
Depuis le 21 avril 2025, un protocole terrifiant s’applique dans les hôpitaux dominicains. « Le personnel médical doit demander une série de documents aux patients, et s’ils sont en situation irrégulière, leur rapatriement est prévu. Des policiers sont postés directement dans les hôpitaux, où ils arrêtent les patients », explique sœur María Eugenia Vázquez, des Sœurs missionnaires Scalabriniennes.
En un seul mois, entre avril et mai, 642 opérations de ce type ont été menées dans les hôpitaux publics. Résultat : plus de 2 000 personnes arrêtées, dont environ 200 femmes enceintes. Imaginez : nos sœurs, nos filles, nos épouses qui portent la vie, traquées jusque dans les salles d’accouchement.
Des mères qui meurent dans l’ombre
Cette politique pousse nos compatriotes à des choix dramatiques. « De nombreuses mères accouchent à domicile, mettant en danger leur vie et celle de leur nouveau-né, car elles craignent d’être enregistrées et expulsées si elles se rendent à l’hôpital », témoigne sœur María Eugenia.
L’histoire de Lourdia Jean Pierre illustre tragiquement cette réalité. Cette mère haïtienne a perdu la vie suite à une hémorragie après avoir accouché à même le sol de sa maison, dans la province d’El Seíbo. Combien d’autres Lourdia Jean Pierre sont mortes dans l’indifférence ?
« Une véritable chasse aux Haïtiens »
Les mots de Marco Garbari, bénévole de l’organisation jésuite Centro Montalvo, résonnent comme un cri d’alarme : « C’est une véritable chasse aux Haïtiens. Ils les capturent n’importe où : dans la rue, au travail, à l’hôpital, à leur domicile. Et peu importe qu’ils soient adultes ou enfants. »
Les témoignages rapportent des conditions inhumaines dans les centres de détention : espaces extrêmement réduits, détention pour une durée indéterminée, abandon sans eau ni nourriture, actes de torture. Sur les réseaux sociaux, des vidéos de violences commises par les agents d’immigration dominicains circulent, sans que les autorités n’interviennent.
Quand le monde entier ferme les yeux…
Ce qui frappe le plus dans cette tragédie, c’est le silence assourdissant de la communauté internationale. Seul le Vatican, par la voix de Vatican News, ose dénoncer ces « violations systématiques des droits fondamentaux ». Pendant ce temps, nos frères et sœurs continuent de subir l’humiliation, la violence et parfois la mort.
Cette situation nous interpelle tous, qu’on soit à Port-au-Prince, à Miami, à Montréal ou à Paris. Ces Haïtiens persécutés en République dominicaine, c’est nous. Leur dignité bafouée, c’est la nôtre. Jusqu’à quand accepterons-nous que notre peuple soit traité comme du bétail ? Il est temps que nos voix s’élèvent, collectivement et fermement, pour exiger le respect de nos compatriotes où qu’ils se trouvent.