Le pape Léon XIV, premier pontife américain, révèle des origines haïtiennes et créoles qui bouleversent les fidèles. De Port-au-Prince à la Nouvelle-Orléans, son histoire incarne la diversité de l’Église et inspire Haïti. Un signe d’espoir pour la nation ?
Une découverte qui secoue Haïti
L’annonce des origines haïtiennes du pape Léon XIV a fait l’effet d’une onde de choc, de Port-au-Prince aux communautés haïtiennes de Miami et Montréal. Selon une enquête de l’Instituto Dominicano de Genealogía, Joseph Nerval Martínez, son grand-père maternel, est né à Port-au-Prince le 8 janvier 1864. Ce lien direct avec Haïti, confirmé par des archives officielles, a suscité une immense fierté nationale. « C’est comme si Haïti rayonnait à travers lui », confie Marie, une fidèle de l’église Saint-Pierre à Pétion-Ville.
Le gouvernement haïtien n’a pas tardé à réagir, adressant ses « sincères félicitations » au nouveau pape et exprimant l’espoir que son pontificat soit marqué par la paix et la justice. Pour les Haïtiens, ici et à l’étranger, cette nouvelle donne une résonance particulière à un moment où le pays cherche des figures d’inspiration.
Des racines créoles en Louisiane
L’histoire de Léon XIV ne s’arrête pas à Haïti. Ses grands-parents maternels, Joseph Martínez et Louise Baquié, ont vécu dans le 7e quartier de la Nouvelle-Orléans, un bastion de la culture créole. Mariés en 1887 à la chapelle Notre-Dame du Sacré-Cœur, ils appartenaient à la communauté créole de couleur, comme l’attestent les recensements de l’époque. Cette ascendance afro-américaine, mêlant des origines haïtiennes, jamaïcaines, françaises et guadeloupéennes, fait du pape un symbole de métissage.
Pour les Haïtiens de la diaspora, notamment à la Nouvelle-Orléans, où la culture créole reste vivante dans les fêtes et les églises, cette connexion est émouvante. « Savoir que le pape a des racines comme les nôtres, ça nous rapproche de lui », partage Jean, un restaurateur haïtien de la ville. Cette histoire rappelle aussi les migrations qui ont façonné les Caraïbes et les Amériques, un récit familier pour les communautés de Brooklyn ou de Paris.
Un pape polyglotte et missionnaire
Léon XIV, de son nom de naissance Robert Francis Prevost, n’est pas seulement le premier pape américain. Polyglotte, il maîtrise l’anglais, l’espagnol, l’italien et le français, une compétence précieuse pour dialoguer avec les fidèles haïtiens et caribéens. Son parcours missionnaire au Pérou et sa double nationalité américano-péruvienne renforcent son lien avec les Amériques. « Il comprend nos luttes et nos espoirs », note une paroissienne de Jacmel, où l’Église joue un rôle clé dans la vie communautaire.
Sa capacité à s’adresser directement aux Latino-Américains et aux Antillais, sans barrière linguistique, fait de lui un pont entre les continents, un écho aux aspirations des Haïtiens de Port-de-Paix à Boston.
Un pontificat pour l’inclusion
Les racines haïtiennes et créoles de Léon XIV font de son pontificat un puissant symbole de diversité. En tant que descendant de catholiques noirs et créoles, il incarne la richesse de l’Église universelle. Comme le souligne l’historien Jari Honora, cette découverte met en lumière « la longue histoire des catholiques noirs, libres et esclaves », une réalité souvent méconnue. Pour les Haïtiens, ce message d’inclusion résonne dans un pays où la foi catholique guide des millions de vies, des marchés de Gonaïves aux messes de Laval.
Ce pontificat pourrait aussi inspirer un dialogue sur l’identité et l’unité, des thèmes chers aux Haïtiens confrontés à des défis sociaux et politiques. « Léon XIV nous montre que nos racines, même modestes, peuvent rayonner », affirme un prêtre de Cap-Haïtien.
Une lumière pour Haïti et au-delà
En ce 18 mai 2025, alors que Haïti célèbre la Fête du Drapeau, l’histoire de Léon XIV prend une saveur particulière. Haïtiens d’Arcahaie, de Hinche ou de New York, son ascension nous rappelle que nos origines, si humbles soient-elles, portent un potentiel universel. Et si ce pape, né du sang haïtien et créole, était le signe que notre nation peut, elle aussi, briller à nouveau ? À nous de faire vivre cet espoir, ici et dans la diaspora.