Défaite cinglante (5-1) pour nos Grenadiers face à Curaçao dans les éliminatoires du Mondial 2026. Malgré la qualification pour le tour suivant, cette raclée interroge sur le niveau réel de notre football et nos ambitions pour la Gold Cup qui débute dans cinq jours.
Au stade Gillermo Trinidad d’Aruba, mardi 10 juin, nos Grenadiers ont vécu un véritable cauchemar. Menés 2-0 dès la 15e minute, ils ont fini par s’incliner lourdement (5-1) face à une équipe de Curaçao clinique et impitoyable. Une défaite qui fait mal à l’orgueil national, même si elle n’hypothèque pas notre qualification pour le tour final des éliminatoires du Mondial 2026.
Quand l’efficacité rencontre l’amateurisme
Le match a tourné au désastre dès l’entame. Nos Grenadiers, pourtant plus dangereux dans les premières minutes, ont offert le premier but sur un plateau. Une perte de balle au milieu de terrain, et Gervane Kastaneer fusillait Johnny Placide d’une frappe limpide (12e). Trois minutes plus tard, Kenji Gorré doublait la mise : 2-0 et déjà fini ?
L’amère réalité du football moderne : deux tirs cadrés, deux buts pour Curaçao. De notre côté, une quinzaine de tentatives pour un seul but marqué par Don Deedson Loucius (61e). Cette statistique résume tout : nous avons la passion, eux ont l’efficacité.
Des Grenadiers méconnaissables
Nos joueurs, « dépassés par les évènements, maladroits et méconnaissables », ont confondu vitesse et précipitation. Danley Jean Jacques qui ne cadre pas (55e), Duckens Nazon qui voit sa frappe passer à côté (52e)… Autant d’occasions gâchées qui auraient pu changer la physionomie du match.
Le sursaut d’orgueil de la 61e minute, avec ce magnifique but de Louicius servi par Nazon, nous avait donné l’espoir d’un retour. Mais c’était compter sans une défense haïtienne aux abonnés absents : Jearl Margaritha (69e), Kevin Felida (89e) et Jeremy Antonisse (90e+3) ont tour à tour transpercé nos lignes comme dans du beurre.
Le sélectionneur joue la carte de la « répétition générale »
Notre sélectionneur avait qualifié ce match de « répétition générale » avant la Gold Cup. Si c’était effectivement un test, le diagnostic est inquiétant : nos Grenadiers accusent un retard technique et tactique criant face à des équipes mieux organisées.
Les multiples changements opérés en cours de match n’ont rien changé. Pire, ils ont semblé désorganiser encore plus une équipe déjà à la dérive. À cinq jours du début de la Gold Cup contre l’Arabie Saoudite (15 juin), cette performance soulève de sérieuses interrogations.
Entre fierté et lucidité : où en est notre football ?
Certes, nous nous qualifions pour le tour final des éliminatoires du Mondial 2026 grâce à notre deuxième place du groupe C. C’est déjà un exploit pour notre petit pays. Mais cette raclée face à Curaçao – une île de 160 000 habitants contre nos 11 millions – doit nous servir de réveil brutal.
Le football moderne ne pardonne pas l’à-peu-près. Pendant que nous rêvons encore de nos exploits passés, d’autres nations caribéennes investissent dans la formation, l’organisation et la professionnalisation. Curaçao, avec quatre victoires en quatre matches dans ce groupe, nous donne une leçon de constance et d’efficacité.
L’heure de vérité approche
Dans cinq jours, nos Grenadiers affronteront l’Arabie Saoudite en Gold Cup. Cette défaite face à Curaçao peut être un électrochoc salutaire ou le début d’une spirale négative. Tout dépendra de la capacité de nos joueurs et de notre encadrement technique à tirer les leçons de cette humiliation.
Le football haïtien mérite mieux que cette prestation décevante. Nos supporters, qui suivent fidèlement l’équipe nationale malgré toutes les déceptions, méritent de vibrer pour des Grenadiers combattifs et organisés. À nos dirigeants et à nos joueurs de prouver que cette raclée n’était qu’un accident de parcours. L’honneur national en dépend.