Port-au-Prince, 22 février 2025 – L’ancien ministre de la Planification et de la Coopération externe, Me Aviol Fleurant, fait l’objet d’une interdiction de départ du territoire haïtien, dans le cadre d’une enquête sur des accusations de fausse déclaration de patrimoine et d’enrichissement illicite entre 2016 et 2018. Cette décision a été prise le 17 février dernier par le juge d’instruction Loubens Élysée, selon une source proche du dossier.
Gel des avoirs et blocage des transactions bancaires
En plus de l’interdiction de voyage, le magistrat instructeur a émis une demande officielle aux institutions bancaires du pays afin de geler les comptes bancaires de l’ex-ministre et d’empêcher toute transaction financière qui pourrait être effectuée à son nom. Une mesure qui vise à préserver les fonds potentiellement issus d’actes de corruption en attendant l’aboutissement de la procédure judiciaire.
Cette décision survient une semaine après l’émission d’un mandat d’amener contre Me Fleurant, qui avait refusé de répondre à une convocation du juge dans le cadre de cette affaire. Son absence devant la justice a renforcé les soupçons pesant sur lui et précipité ces mesures coercitives.
Une enquête déclenchée par des soupçons de corruption
L’affaire trouve son origine dans un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), publié en septembre 2024, qui recommandait l’ouverture d’une action publique contre Me Aviol Fleurant. L’enquête menée par cette commission avait mis en évidence une augmentation anormale de son patrimoine durant son mandat au ministère de la Planification et de la Coopération externe.
Selon les investigations, les revenus légitimes de l’ancien ministre ont été triplés entre mars 2016 et décembre 2018. Pourtant, les informations recueillies auprès du ministère de l’Économie et des Finances (MEF) et du ministère de la Planification (MPCE) indiquent que le total net de ses salaires et avantages durant cette période s’élevait à 19,366,390 gourdes. Une somme jugée insuffisante pour justifier l’ampleur de son enrichissement.
Une affaire révélée par des dénonciations médiatiques
L’enquête de l’ULCC a notamment été lancée à la suite des accusations de corruption et de détournement de fonds formulées par le journaliste Roudy Thomas Sanon, ancien animateur de l’émission « Kisa Nou Vle » sur Radio IBO. Ses révélations avaient suscité une vive indignation au sein de l’opinion publique et conduit à une pression accrue sur les autorités judiciaires pour examiner les agissements de Me Fleurant.
L’ancien ministre n’a pas encore réagi publiquement aux sanctions imposées contre lui. Cependant, les observateurs soulignent que cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la corruption, où plusieurs anciens hauts fonctionnaires font l’objet d’enquêtes pour des faits similaires.
L’évolution du dossier de Me Aviol Fleurant sera suivie de près, alors que la justice haïtienne tente de rétablir la confiance du public en renforçant les mécanismes de contrôle et de poursuite des infractions financières.