L’Organisation des Nations Unies tire la sonnette d’alarme face à l’explosion des violences sexuelles perpétrées par les gangs en Haïti. Un drame silencieux qui détruit des milliers de vies et appelle une mobilisation internationale urgente.

Le cri d’alarme de l’ONU résonne comme un appel au secours. Dans un communiqué publié ce 4 juin, Pramila Patten, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée des violences sexuelles en période de conflit, dresse un tableau glaçant de la situation en Haïti. Les violences sexuelles explosent dans les zones contrôlées par les gangs, transformant le quotidien de milliers de femmes et de jeunes filles en cauchemar permanent.

Une spirale de l’horreur qui s’accélère

Depuis le début de l’année, les signalements de viols et de viols collectifs se multiplient à un rythme effrayant. « Ces crimes odieux sont majoritairement concentrés dans les zones sous contrôle des gangs, où la présence de l’État est quasiment inexistante », déplore Mme Patten.

Le constat est accablant : la violence sexuelle n’est plus un simple crime opportuniste, elle est devenue une arme stratégique. Les gangs l’utilisent systématiquement pour soumettre, terroriser et punir les populations locales. Une tactique de guerre qui vise à briser la résistance des communautés et à asseoir leur domination territoriale.

Des crimes qui défient l’humanité

Les témoignages recueillis révèlent l’ampleur du désastre. Les victimes, principalement des femmes et des jeunes filles, sont agressées chez elles ou dans des lieux publics, en plein jour comme dans l’obscurité. Nulle part n’est sûr dans les zones sous contrôle des gangs.

Plus glaçant encore, des cas d’esclavage sexuel ont été documentés sur les huit derniers mois. Ces pratiques, qui rappellent les heures les plus sombres de l’histoire, illustrent la déshumanisation totale à laquelle sont soumises les victimes. Les enlèvements et les meurtres accompagnent souvent ces exactions, créant un climat de terreur absolue.

Un système de santé à l’agonie

Les conséquences de cette violence dépassent les traumatismes individuels. Des milliers d’Haïtiens fuient les zones de conflit, se retrouvant dans des abris précaires sans accès aux soins médicaux ou à l’assistance psychologique. « Le système de santé est au bord de l’effondrement, et les établissements ferment les uns après les autres à cause de l’insécurité », souligne la représentante de l’ONU.

Cette situation crée un cercle vicieux dramatique : les victimes de violences sexuelles, qui ont un besoin urgent de soins médicaux et psychologiques, se retrouvent abandonnées faute de structures fonctionnelles. Un abandon qui aggrave leurs traumatismes et compromet leurs chances de reconstruction.

L’ONU exige une action immédiate

Face à cette catastrophe humanitaire, Pramila Patten appelle à une mobilisation internationale d’urgence. Elle réclame le déploiement rapide de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, dirigée par le Kenya, pour épauler les forces de sécurité haïtiennes dépassées par l’ampleur de la crise.

L’ONU exhorte également à renforcer les sanctions contre les gangs, notamment en s’attaquant au trafic d’armes qui alimente leur pouvoir de nuisance. Sans armes, ces groupes criminels perdraient une partie importante de leur capacité à terroriser la population.

Des lueurs d’espoir dans l’obscurité

Malgré ce tableau apocalyptique, quelques initiatives donnent espoir. L’adoption récente d’un décret instituant deux unités judiciaires spécialisées, dont l’une se consacrera aux crimes de masse incluant les violences sexuelles, constitue un pas important vers le rétablissement de l’état de droit.

Mais la représentante de l’ONU insiste : le gouvernement haïtien doit accélérer la mise en œuvre de ces structures, et la communauté internationale doit les soutenir activement. « Il est essentiel d’obtenir un financement adéquat pour permettre aux prestataires de services de répondre aux besoins des survivantes », martèle-t-elle.

Briser le silence, briser l’impunité

Cette crise des violences sexuelles en Haïti interpelle chaque Haïtien, qu’il soit au pays ou dans la diaspora. Comment accepter que nos mères, nos sœurs, nos filles vivent dans la terreur permanente du viol et de l’agression ?

Pour l’ONU, briser le cycle de l’impunité est une condition sine qua non pour restaurer la dignité et la sécurité des femmes et des filles haïtiennes. Un combat qui ne peut être mené qu’avec le soutien de tous : autorités haïtiennes, communauté internationale, diaspora et société civile.

Le silence tue autant que les balles. Il est temps que le monde entier prenne conscience de ce drame et agisse avant qu’il ne soit trop tard pour des milliers de victimes innocentes.

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