Après plusieurs nuits de troubles et de vandalisme, la maire Karen Bass impose un couvre-feu dans le centre-ville de Los Angeles. Une mesure drastique qui rappelle aux Haïtiens de la diaspora américaine les heures sombres que traverse leur terre natale.
Mardi soir, à 20h00 précises (heure locale), un silence inhabituel s’est abattu sur le centre de Los Angeles. Pour la première fois depuis longtemps, la deuxième ville des États-Unis vit sous couvre-feu, une réalité que nos compatriotes haïtiens vivant en Amérique connaissent malheureusement trop bien à travers les nouvelles de Port-au-Prince.
Quand l’Amérique découvre ce qu’Haïti vit au quotidien
La maire Karen Bass a pris cette décision drastique après plusieurs nuits consécutives de troubles et d’actes de vandalisme qui ont secoué le cœur économique de la Californie. Une situation qui n’est pas sans rappeler les épisodes d’insécurité que connaît régulièrement notre capitale haïtienne, où les couvre-feux sont devenus une triste normalité.
Au moment où le couvre-feu entrait en vigueur, des dizaines de manifestants étaient encore présents dans les rues du centre-ville, défiant ouvertement l’ordre des autorités. Une scène qui évoque les images que nous voyons souvent de Port-au-Prince, où malgré les mesures de sécurité, la population continue parfois de braver les interdictions.
La diaspora haïtienne témoin d’une Amérique fragile
Pour nos compatriotes haïtiens installés dans la région de Los Angeles – et ils sont nombreux dans cette métropole californienne – voir leur ville d’adoption sombrer temporairement dans l’insécurité doit réveiller des souvenirs douloureux. Beaucoup ont quitté Haïti précisément pour fuir ce genre de chaos urbain, cette incertitude permanente qui pèse sur la vie quotidienne.
Cette situation soulève une question troublante : si même Los Angeles, symbole du rêve américain et de la prospérité, peut basculer du jour au lendemain sous un régime de couvre-feu, qu’est-ce que cela nous dit sur la fragilité des sociétés modernes ?
L’insécurité n’a pas de frontières
Ce qui se passe à Los Angeles nous rappelle une vérité amère : l’insécurité urbaine, la violence et les troubles sociaux ne sont pas l’apanage des pays en développement comme Haïti. Même les grandes métropoles occidentales peuvent connaître des épisodes de chaos qui nécessitent des mesures d’exception.
Pour nos frères et sœurs de la diaspora qui suivent avec angoisse les nouvelles d’Haïti tout en essayant de construire leur avenir en terre américaine, voir Los Angeles sous couvre-feu doit être particulièrement éprouvant. Cela rappelle que nulle part n’est totalement à l’abri, que la paix sociale est un équilibre fragile qu’il faut constamment préserver.
Une leçon d’humilité pour l’Amérique
Alors que nos compatriotes en Haïti affrontent quotidiennement l’insécurité et que ceux de la diaspora regardent souvent leur pays d’origine avec inquiétude, ce couvre-feu à Los Angeles constitue peut-être une leçon d’humilité pour l’Amérique. Il montre que même les sociétés les plus développées ne sont pas immunisées contre les crises et les désordres sociaux.
Cette situation devrait-elle nous faire réfléchir sur notre condition d’Haïtiens ? Peut-être. Mais elle nous rappelle surtout que partout dans le monde, la stabilité et la sécurité restent des biens précieux qu’il faut chérir et protéger, qu’on soit à Port-au-Prince, à Los Angeles ou ailleurs dans cette diaspora haïtienne qui porte notre pays dans son cœur.