Face aux ravages causés par les gangs armés au système éducatif haïtien, l’UNESCO vient de remettre 16 véhicules et du matériel informatique au ministère de l’Éducation. Cette aide de 1,6 million de dollars marque un tournant dans la reconstruction du secteur éducatif, pilier de l’avenir du pays.
C’est un geste symbolique fort qui s’est déroulé vendredi 11 juillet 2025 dans les locaux de l’UNESCO à Pétion-Ville. En présence du ministre de l’Éducation Augustin Antoine et du représentant résident de l’UNESCO Eric Voli Bi, la remise officielle des clés de véhicules neufs au ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) illustre la solidarité internationale face à la crise que traverse Haïti.
Un arsenal logistique pour relancer l’éducation
Le package remis au MENFP impressionne par son ampleur : trois Toyota Land Cruiser, trois pick-up Ford et dix motocyclettes Yamaha flambant neuves. Au-delà des véhicules, l’UNESCO a également fourni des ordinateurs de bureau et portables, des téléphones mobiles, ainsi que des kits et générateurs solaires – équipements essentiels pour les cadres du ministère travaillant dans des conditions souvent précaires.
Cette dotation, financée par le Partenariat mondial pour l’éducation à hauteur de 1,6 million de dollars américains, répond à un besoin criant. « Ces acquisitions incarnent notre engagement indéfectible à œuvrer pour le bien-être de chaque élève et étudiant haïtien », a déclaré Eric Voli Bi, soulignant la dimension humaine de cette initiative.
Quand les gangs détruisent l’avenir du pays
Le ministre Augustin Antoine n’a pas mâché ses mots lors de la cérémonie, révélant l’ampleur des dégâts subis par son institution. « L’UNESCO répond à la crise logistique que traverse le ministère », a-t-il expliqué, rappelant que plusieurs véhicules ont été volés lors des exactions des gangs armés.
Au bureau du Bunexe à Nazon, les responsables n’ont même pas eu le temps de récupérer le matériel important, hormis quelques ordinateurs de bureau. Cette réalité brutale illustre comment la violence des gangs ne se contente pas de terroriser les quartiers populaires, mais s’attaque directement aux fondements de l’éducation nationale.
Pour les familles haïtiennes, qu’elles vivent au pays ou à l’étranger, cette situation résonne douloureusement. Combien de parents dans la diaspora envoient de l’argent pour l’éducation de leurs enfants restés au pays, sans savoir si les écoles fonctionnent normalement ?
Un partenariat qui va au-delà des véhicules
L’aide de l’UNESCO ne se limite pas à cette dotation matérielle. L’organisation accompagne également la mise en place des structures de pilotage du Plan décennal d’éducation et travaille avec l’Université d’État d’Haïti (UEH) pour établir un programme de formation en planification et gestion de l’éducation aux standards internationaux.
Le ministre Antoine a d’ailleurs profité de l’occasion pour solliciter davantage de soutien, notamment sur le phénomène de déperdition scolaire et la transition vers l’enseignement technologique – deux défis majeurs pour l’avenir du pays.
Cette initiative de l’UNESCO, bien qu’encourageante, soulève une question fondamentale : quand Haïti retrouvera-t-elle la stabilité nécessaire pour que ses propres institutions puissent fonctionner sans dépendre entièrement de l’aide internationale ? L’éducation étant la clé du développement, cette dotation n’est qu’un pansement sur une plaie plus profonde qui nécessite une guérison complète du pays.