Le marché public moderne de Mirebalais, fierté du Plateau Central et symbole de développement pour la région, n’est plus que cendres. Ce dimanche 8 juin, des gangs lourdement armés ont réduit en fumée cette infrastructure de 6 millions de dollars, plongeant commerçants et familles dans le désespoir.
L’image fait mal : là où s’activaient chaque jour des centaines de commerçants, vendeurs de légumes, marchandes de produits locaux et petits entrepreneurs, il ne reste que des décombres calcinés. Le marché public moderne de Mirebalais, cette réalisation qui avait redonné fierté à toute une communauté, a été la cible d’une attaque barbare qui illustre une fois de plus l’expansion terrifiante des gangs vers des zones autrefois paisibles.
Une perte qui va bien au-delà des chiffres
Six millions de dollars américains. C’est le coût de cette infrastructure détruite en quelques heures par des criminels qui ne respectent rien. Mais derrière ce montant se cachent des années d’efforts, des rêves brisés et des familles entières qui viennent de perdre leur gagne-pain.
« Ce marché symbolisait l’espoir et le progrès pour Mirebalais. Aujourd’hui, c’est une perte tragique pour les commerçants et toute la communauté », a déclaré Abel Descolines, ancien député de la circonscription et l’une des figures qui avaient porté ce projet sous l’administration Martelly/Lamothe.
Pour comprendre l’ampleur du désastre, il faut se rappeler ce que représentait ce marché pour la région. C’était le cœur économique de Mirebalais, le lieu où convergeaient agriculteurs du Plateau Central, commerçants des villes environnantes, et familles venues faire leurs emplettes. Un espace moderne qui permettait aux vendeurs de travailler dans des conditions décentes, loin des marchés de fortune installés sous des tentes de fortune.
Le Plateau Central dans l’étau des gangs
Cette attaque marque une escalade dramatique dans l’expansion territoriale des gangs armés. Le département du Centre, longtemps épargné par la violence qui ravageait Port-au-Prince et ses environs, voit désormais ces groupes criminels étendre leur emprise sur son territoire.
L’ancien député Abel Descolines n’a pas mâché ses mots sur les réseaux sociaux, dénonçant « l’inaction des autorités haïtiennes face à l’expansion des gangs dans le département du Centre ». Ses critiques résonnent comme un cri d’alarme : malgré les appels répétés à l’aide, aucune opération concrète n’a été menée pour déloger ces groupes qui « sèment la terreur depuis plusieurs mois ».
Cette situation rappelle douloureusement l’expansion progressive des gangs dans la zone métropolitaine, qui avaient commencé par contrôler quelques quartiers avant d’étendre leur emprise sur des communes entières.
Des déplacés qui perdent tout espoir de retour
Au-delà de la destruction matérielle, cet incendie porte un coup terrible au moral des milliers de déplacés internes du Plateau Central. Ces familles qui avaient fui leurs foyers en espérant un jour pouvoir y retourner voient leurs derniers espoirs s’envoler en fumée.
« Plus les actes de violence se multiplient dans le plateau central, plus les déplacés internes perdent espoir de retourner chez eux, là où est écrite toute une histoire indélébile et inoubliable », résume parfaitement la tragédie humaine derrière cette attaque.
Ces déplacés, qui survivent tant bien que mal dans des centres d’hébergement ou chez des proches, regardaient vers Mirebalais comme un symbole que la normalité était encore possible. Aujourd’hui, même cette lueur d’espoir s’éteint.
Une spirale de destruction qui s’accélère
L’attaque de Mirebalais s’inscrit dans « une longue liste d’actes de violence qui illustrent la détérioration alarmante de la sécurité dans le pays ». Chaque semaine apporte son lot de nouvelles destructions : écoles fermées, hôpitaux abandonnés, routes bloquées, commerces pillés.
Ce qui rend cette situation particulièrement alarmante, c’est la vitesse à laquelle les gangs s’implantent dans des zones autrefois stables. Le Plateau Central, grenier du pays et région traditionnellement plus calme, bascule à son tour sous la coupe de groupes armés qui n’hésitent pas à détruire les symboles du développement local.
L’incendie du marché de Mirebalais pose une question cruciale : combien d’autres symboles d’espoir et de développement devront encore partir en fumée avant qu’une réponse ferme et coordonnée soit apportée à cette expansion criminelle ? Pour les familles du Plateau Central, chaque jour qui passe sans action concrète ressemble de plus en plus à un abandon définitif.