Le Premier ministre haïtien mène une course contre la montre pour préserver les accords HOPE/HELP, véritables bouées de sauvetage pour des dizaines de milliers d’emplois. Avec l’échéance de septembre qui approche, l’avenir économique du pays se joue en partie dans les couloirs du Congrès américain.
Dans les couloirs feutrés du Congrès américain, une bataille silencieuse mais décisive se joue pour l’avenir économique d’Haïti. Le 15 juillet dernier, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est entretenu avec le sénateur Raphael Warnock, membre influent de la Commission des finances du Sénat américain. L’enjeu ? Sauver les accords HOPE/HELP avant leur expiration en septembre 2025.
Un pilier économique en péril
Pour comprendre l’urgence de cette mission, il faut saisir l’importance vitale de ces accords pour Haïti. Adoptées en 2006 et 2010, les lois HOPE (Haitian Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement) et HELP (Haiti Economic Lift Program) permettent aux entreprises haïtiennes d’exporter leurs produits textiles vers les États-Unis sans droits de douane.
Concrètement, ces accords soutiennent directement des dizaines de milliers d’emplois dans un pays où le chômage frappe de plein fouet. Pour de nombreuses familles haïtiennes, qu’elles vivent à Port-au-Prince, aux Gonaïves ou dans le Nord, ces usines textiles représentent souvent l’unique source de revenus stable.
Une économie au bord du gouffre
Les chiffres de la Banque mondiale dressent un tableau alarmant : l’économie haïtienne s’est contractée de 4,2% en 2024, marquant sa sixième année consécutive de croissance négative. Pire encore, elle devrait reculer de 2,2% supplémentaire en 2025.
Cette spirale descendante frappe particulièrement les familles les plus vulnérables. Selon les projections, 37,6% des Haïtiens vivront avec moins de 2,15 dollars par jour en 2025 – un chiffre qui ne devrait que légèrement diminuer à 36,7% en 2027. Pour nos compatriotes de la diaspora qui envoient des remises à leurs proches, ces statistiques révèlent l’ampleur des défis auxquels font face leurs familles restées au pays.
Au-delà de l’économie, un défi démocratique
L’entretien avec le sénateur Warnock n’a pas uniquement porté sur les questions commerciales. Le Premier ministre a également abordé deux autres dossiers cruciaux : la restauration de la sécurité et l’organisation d’élections libres et crédibles.
Ces préoccupations résonnent particulièrement auprès des Haïtiens de l’étranger qui suivent avec inquiétude la dégradation de la situation sécuritaire dans leur pays natal. Nombreux sont ceux qui, depuis New York, Miami, Montréal ou Paris, espèrent pouvoir un jour rentrer dans un Haïti apaisé et démocratique.
L’espoir d’une relance
Dans ce contexte difficile, la mission de Fils-Aimé à Washington (du 11 au 17 juillet) représente bien plus qu’une simple visite diplomatique. Elle symbolise la détermination du gouvernement haïtien à préserver l’un des rares leviers économiques encore fonctionnels du pays.
Le Premier ministre a fermement plaidé auprès du sénateur Warnock pour le maintien de ces préférences commerciales, soulignant qu’elles sont essentielles non seulement à l’emploi et à la lutte contre la pauvreté, mais aussi à la stabilité institutionnelle.
Alors que le pays traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine, cette mission diplomatique pourrait bien déterminer si Haïti pourra enfin amorcer un début de redressement économique. Pour des millions d’Haïtiens, tant au pays que dans la diaspora, l’issue de ces négociations pourrait faire la différence entre l’espoir et le désespoir. L’avenir nous dira si cette démarche aura porté ses fruits face à un Congrès américain qui doit désormais se prononcer sur le sort de ces accords vitaux.