Un accord majeur vient d’être signé entre le gouvernement haïtien et l’Union européenne pour transformer l’Administration Générale des Douanes. Cette initiative vise à renforcer une institution qui génère plus de 60% des recettes de l’État, dans un contexte où la mobilisation des ressources internes devient cruciale pour le redressement économique du pays.
Un partenariat stratégique pour des douanes plus performantes
Une nouvelle page s’ouvre pour l’Administration Générale des Douanes d’Haïti (AGD). Ce mardi, le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) a annoncé la signature de la convention de financement ACT-62644, baptisée « Programme de Renforcement et de Modernisation de l’Administration Générale des Douanes ». Cet accord d’importance a été paraphé par M. Alfred Fils Metellus, Ministre de l’Économie et des Finances, et M. Stefano Gatto, Ambassadeur de l’Union européenne en Haïti.
Cette convention intervient à un moment crucial pour les finances publiques haïtiennes. Avec une AGD qui génère entre 60% et 67% des recettes de l’État selon les chiffres officiels, l’efficacité de cette administration représente un enjeu vital pour la stabilité économique du pays et sa capacité à financer ses services publics essentiels.
Des réformes attendues par les opérateurs économiques
Pour la communauté des affaires haïtienne et les entrepreneurs de la diaspora impliqués dans le commerce international, cette modernisation est accueillie avec espoir. « Nous attendons depuis longtemps une simplification des procédures douanières », confie Emmanuela Joachim, importatrice basée à Port-au-Prince. « Chaque jour de retard à la douane représente des coûts supplémentaires qui finissent par être répercutés sur les consommateurs. »
La diaspora haïtienne, qui contribue activement à l’économie nationale à travers l’importation de biens et l’envoi de conteneurs vers le pays, pourrait également bénéficier de cette modernisation. À Miami, New York ou Montréal, nombreux sont les entrepreneurs d’origine haïtienne qui jonglent avec les complexités administratives actuelles pour expédier des marchandises vers Haïti.
Un chantier ambitieux aux multiples facettes
Le programme de modernisation s’articule autour de plusieurs axes prioritaires. D’abord, le renforcement des ressources humaines de l’AGD, qui emploie déjà quelque 2 000 fonctionnaires. Cette composante devrait inclure des formations spécialisées, le développement de nouvelles compétences et potentiellement une réorganisation des services pour plus d’efficacité.
Parallèlement, une modernisation substantielle des infrastructures et des équipements est prévue. Ces améliorations matérielles visent à doter l’administration douanière d’outils plus performants pour gérer et contrôler efficacement les flux commerciaux aux différents points d’entrée du territoire national.
« Cette modernisation devrait permettre de réduire significativement les délais de dédouanement et de combattre plus efficacement la contrebande qui prive l’État haïtien de ressources considérables », explique un économiste spécialiste des finances publiques que nous avons consulté.
Des retombées potentielles pour l’ensemble de l’économie
L’impact de cette réforme pourrait s’étendre bien au-delà de la seule administration douanière. Une AGD plus efficiente est synonyme de recettes fiscales accrues pour l’État haïtien, ce qui pourrait contribuer à réduire sa dépendance vis-à-vis de l’aide internationale.
Pour les commerçants formels, une douane modernisée signifie également des procédures plus transparentes et prévisibles, réduisant ainsi l’incertitude qui pèse actuellement sur leurs activités. « Quand on importe des marchandises, on ne sait jamais exactement combien de temps cela prendra pour les dédouaner ni combien cela coûtera au final », témoigne Jean-Marc, propriétaire d’une quincaillerie à Pétion-Ville. « Cette incertitude complique énormément notre planification. »
Un signal positif dans un contexte économique difficile
Dans le contexte actuel de fragilité économique que traverse Haïti, cette convention avec l’Union européenne envoie un signal encourageant quant à la confiance des partenaires internationaux dans la capacité du pays à se réformer.
« Cette collaboration témoigne de la volonté commune d’Haïti et de l’Union européenne d’œuvrer pour une administration douanière plus performante et transparente », a déclaré un porte-parole du MEF lors de l’annonce de la signature.
Et maintenant?
Alors que la convention est désormais signée, tous les regards se tournent vers la mise en œuvre effective du programme. Les Haïtiens, tant au pays que dans la diaspora, suivront avec attention le déploiement de ces réformes et leurs impacts concrets sur le commerce international et les recettes publiques.
La transformation de l’AGD pourrait constituer un modèle de réforme pour d’autres institutions publiques haïtiennes, démontrant qu’avec un soutien adapté et une volonté politique affirmée, le renforcement des capacités de l’État haïtien est non seulement possible, mais peut générer des bénéfices tangibles pour l’ensemble de la population.
Le montant exact de cette convention n’a pas été précisé dans les communications officielles, mais cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large du soutien de l’Union européenne au renforcement des institutions haïtiennes, un pilier essentiel pour la stabilité et le développement durable du pays.