Le ministre de la Défense Jean-Michel Moïse a tiré la sonnette d’alarme ce mardi lors des « Mardis de la Nation » : face à des gangs mieux équipés que l’armée nationale, Haïti sollicite urgemment l’aide internationale pour reconstruire ses Forces armées. Un cri du cœur qui résonne jusqu’à l’OEA.
Ce mardi 27 mai 2025, à la Primature, les mots du ministre Jean-Michel Moïse ont résonné comme un électrochoc. Dans un aveu rare de vulnérabilité, le chef du ministère de la Défense a dressé un constat alarmant : « Les gangs sont mieux armés que notre armée. » Une réalité qui fait froid dans le dos et qui pousse le gouvernement haïtien à frapper à toutes les portes internationales.
Un appel au secours qui dépasse nos frontières
Loin de considérer cette crise comme un problème purement haïtien, Jean-Michel Moïse a voulu élargir le débat. « La situation sécuritaire actuelle ne menace pas seulement Haïti, elle constitue un danger pour toute la région », a-t-il martelé. Un message clair : ce qui se passe chez nous aujourd’hui pourrait bien contaminer nos voisins caribéens demain.
Cette stratégie de sensibilisation n’est pas restée lettre morte. Une délégation haïtienne, menée par le conseiller présidentiel Smith Augustin et le ministre de la Justice Patrick Pélissier, s’est rendue à l’Organisation des États américains (OEA) pour exposer la gravité de la situation. Leur mission : faire comprendre que l’instabilité haïtienne nécessite une réponse régionale coordonnée.
« Ils ont manifesté de la sympathie, ils comprennent l’histoire d’Haïti et savent combien notre pays a contribué à l’émancipation de la région », s’est félicité le ministre, rappelant implicitement le rôle pionnier d’Haïti dans l’indépendance de l’Amérique latine.
Des FAd’H à bout de souffle
Le diagnostic des Forces armées d’Haïti (FAd’H) est sans appel : manque de ressources, d’infrastructures et d’équipements modernes. L’unique centre de formation militaire de Gressier a dû fermer ses portes à cause de l’insécurité, symbole tragique de cette spirale infernale. Quant au nouveau site de Tabarre, baptisé « Vertières » en hommage à notre glorieux passé, sa construction traîne en longueur faute de matériaux disponibles.
Face à cette situation critique, le ministre a souligné un paradoxe révoltant : « Nos institutions légales, comme la Police nationale et les FAd’H, peinent à accéder aux armes et munitions nécessaires pour répondre efficacement à la menace. En face, les gangs sont bien équipés, financés et soutenus par des réseaux puissants, locaux comme internationaux. »
Des partenaires internationaux qui tendent la main
Heureusement, dans cette période sombre, quelques lueurs d’espoir émergent. Le Mexique s’est engagé à former 700 recrues haïtiennes par groupes de 150, un geste de solidarité que la diaspora haïtienne mexicaine accueillera sans doute avec soulagement. La France, ancienne puissance coloniale, contribue également à la formation de soldats, montrant que les liens historiques peuvent parfois servir la paix.
D’autres pays auraient aussi exprimé leur volonté d’aider, même si les négociations restent en cours. Pour nos compatriotes de la diaspora, ces partenariats internationaux représentent peut-être enfin une chance de voir leur pays natal retrouver la stabilité.
L’objectif : reconstruire une armée digne de ce nom
Jean-Michel Moïse ne cache pas ses ambitions : « Nous voulons créer de nouvelles bases militaires dans tous les départements du pays. Il nous faut des soldats, des équipements, et des infrastructures pour que l’armée puisse reprendre son rôle constitutionnel de garant de la souveraineté. »
Un projet pharaonique qui nécessitera des investissements colossaux et une volonté politique à toute épreuve. Mais le ministre insiste : « Ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité vitale. »
L’aveu du ministre Moïse résonne comme un électrochoc nécessaire. Après des années à minimiser la crise, voilà enfin un responsable qui ose dire la vérité : Haïti ne peut plus s’en sortir seule. Reste à savoir si la communauté internationale saura répondre à cet appel au secours avant qu’il ne soit trop tard. Et vous, que pensez-vous de cette stratégie d’appel à l’aide internationale ? Nos ancêtres de 1804 auraient-ils approuvé ?