À sept mois de l’échéance du 7 février 2026, le texte constitutionnel définitif sera livré avant fin juillet. Mais entre insécurité persistante et divisions au sommet, la course contre la montre s’annonce périlleuse.

Les dés sont presque jetés. Enex Jean-Charles, président du Comité de pilotage chargé de rédiger la nouvelle Constitution, l’a confirmé ce lundi : le texte final sera remis au Conseil présidentiel de transition (CPT) avant la fin juillet. Une étape cruciale dans un calendrier déjà serré où chaque jour compte pour respecter l’échéance du 7 février 2026.

Des modifications majeures en vue

Loin d’être une simple formalité, cette version finale intègre des changements substantiels par rapport à l’avant-projet qui avait fait couler beaucoup d’encre en mai dernier. « Plusieurs modifications ont été apportées », confie Enex Jean-Charles, évoquant notamment deux aspects fondamentaux.

Le premier concerne les prérogatives présidentielles. Dans l’avant-projet, le président était à la fois chef de l’État et chef du gouvernement – un modèle qui avait suscité de vives critiques. Si Jean-Charles reste discret sur la nature exacte des ajustements, ces modifications pourraient redéfinir l’architecture du pouvoir exécutif haïtien.

Le second volet touche aux collectivités territoriales, secteur névralgique pour la décentralisation du pays. « Les recommandations ont été prises en compte », assure l’ancien Premier ministre, suggérant une meilleure prise en considération des réalités locales.

Des centaines de recommandations intégrées

Le processus participatif semble avoir porté ses fruits. « Nous avons reçu des centaines de recommandations et nous allons les publier aussi dans notre rapport », annonce Jean-Charles. Un signe d’ouverture démocratique dans un contexte où la légitimité même du processus constitutionnel fait débat.

Pour nos compatriotes qui suivent ce processus depuis l’étranger, ces ajustements représentent peut-être l’espoir d’une Constitution plus consensuelle, mieux adaptée aux aspirations d’un peuple en quête de stabilité.

Un calendrier sous haute tension

Une fois le texte remis, la mécanique référendaire pourra officiellement s’enclencher. Selon le décret publié le 3 juillet, le référendum devra être organisé au moins 60 jours après la publication du projet dans Le Moniteur. Mathématiquement, cela reste jouable, mais sur le terrain, les défis s’accumulent.

Car pendant que le Comité de pilotage peaufine sa copie, la réalité sécuritaire du pays continue de se dégrader. Comment organiser un référendum crédible quand des pans entiers du territoire échappent encore au contrôle de l’État ? La question hante tous les observateurs.

Un CPT à bout de souffle ?

Le constat d’Enex Jean-Charles est sans appel : le Conseil présidentiel se retrouve « aujourd’hui divisé et incapable de faire face à ses responsabilités ». Un aveu qui résonne comme un signal d’alarme à sept mois de l’échéance fatidique.

Le dernier Conseil des ministres remonte au 24 juin – soit près d’un mois de paralysie décisionnelle au plus haut niveau de l’État. Dans un pays où chaque jour perdu aggrave la crise, cette inaction inquiète.

Pendant ce temps, Jean-Charles et son équipe poursuivent leur travail sur d’autres réformes : délimitation territoriale, organisation judiciaire, administration centrale… Des textes cruciaux pour l’application future de la Constitution, mais qui nécessiteront un exécutif fonctionnel pour voir le jour.

Entre un texte constitutionnel qui se précise et un pouvoir exécutif qui se délite, Haïti vit un paradoxe troublant. La nouvelle Constitution sera-t-elle le remède miracle espéré ou un simple exercice démocratique dans un pays en panne ? Dans sept mois, nous aurons la réponse – si tant est que le pays arrive jusque-là.

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