Pierre Jean Raymond André transforme l’institution avec des services en ligne, des unités mobiles et une approche centrée sur l’usager. Un pari ambitieux pour moderniser un secteur longtemps critiqué.

Fini les longues files d’attente interminables et les déplacements à répétition ! En 100 jours seulement, Pierre Jean Raymond André, le nouveau directeur général de l’Office d’Assurance Véhicules Contre-Tiers (OAVCT), promet de transformer radicalement l’expérience des automobilistes haïtiens. Lors d’une conférence de presse bilan, le dirigeant a dévoilé une série de réformes qui pourraient bien changer la donne dans ce secteur souvent décrié.

La révolution numérique arrive enfin

L’innovation la plus marquante reste sans conteste le lancement du nouveau site internet interactif de l’OAVCT. Pour la première fois, les automobilistes peuvent désormais effectuer leurs démarches depuis leur smartphone ou ordinateur, que ce soit pour demander une expertise ou souscrire une assurance. Une révolution pour un pays où la digitalisation des services publics reste encore balbutiante.

Cette modernisation s’accompagne de la mise en service d’un centre d’appel fonctionnel 24h/24, permettant aux usagers d’obtenir des réponses immédiates à leurs préoccupations. Plus besoin de perdre une journée entière pour un simple renseignement – un gain de temps précieux dans un pays où chaque minute compte pour la survie économique des familles.

Des services de proximité renforcés

Conscient que tous les Haïtiens n’ont pas accès à internet, Pierre Jean Raymond André mise aussi sur le terrain. Les services de constat de Pétion-Ville et de l’Avenue Charles Sumner ont été dotés de nouveaux véhicules, garantissant des interventions plus rapides en cas d’accident. Une mesure particulièrement appréciée dans la capitale où les embouteillages peuvent transformer un simple constat en calvaire.

L’inauguration du nouveau bâtiment de Tabarre vient compléter ce dispositif en désengorgeant le siège central de Port-au-Prince. Pour les habitants de cette zone densément peuplée, c’est la promesse de services plus accessibles et moins d’heures perdues dans les transports.

La province n’est pas oubliée

Mais la vraie révolution se dessine dans les départements. Face à la fermeture de plusieurs bureaux régionaux, le directeur général mise sur l’innovation avec le déploiement d’unités mobiles dans les dix départements du pays. Ces véhicules itinérants rapprochent les services de l’OAVCT des populations rurales, souvent exclues des réformes centrées sur la capitale.

Pour Jacmel, Les Cayes, Cap-Haïtien ou encore Hinche, c’est l’espoir de voir enfin l’État haïtien venir à leur rencontre plutôt que d’attendre que les citoyens fassent le difficile voyage vers Port-au-Prince. Une approche qui résonne particulièrement avec les défis de mobilité que connaît le pays.

Professionnalisation et formation au cœur du projet

Pierre Jean Raymond André ne se contente pas de mesures cosmétiques. Sa vision à long terme passe par la création d’une école de formation dédiée aux agents de l’OAVCT et la mise en place de programmes de perfectionnement continu. « Le futur de l’OAVCT repose autant sur l’humain que sur la technologie », martèle-t-il.

Cette approche tranche avec la culture bureaucratique traditionnelle. Les réunions de coordination hebdomadaires et sa tournée dans le Nord du pays témoignent d’une volonté d’écoute et de dialogue avec les agents de terrain – une pratique encore rare dans l’administration haïtienne.

Un pari sur l’avenir

Ces réformes interviennent dans un contexte où l’OAVCT, comme beaucoup d’institutions publiques haïtiennes, souffrait d’une image dégradée. Entre inefficacité, corruption perçue et services défaillants, l’institution peinait à convaincre les automobilistes de l’utilité de l’assurance obligatoire.

La participation active du directeur général aux réunions du Conseil d’Administration du Ministère de l’Économie et des Finances montre sa volonté d’inscrire ces réformes dans une vision plus large de modernisation de l’État. Un signal fort dans un pays où la coordination entre institutions reste souvent défaillante.

Cent jours, c’est peu pour juger d’une transformation en profondeur. Mais l’élan donné par Pierre Jean Raymond André à l’OAVCT pourrait bien servir de modèle à d’autres institutions publiques haïtiennes. Car au-delà de l’assurance automobile, c’est bien la crédibilité de l’État face aux citoyens qui se joue. Reste à voir si ces promesses résisteront à l’épreuve du temps et des défis structurels du pays. Les automobilistes haïtiens, eux, attendent de voir ces belles annonces se concrétiser dans leur quotidien.

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