Le 18 mai 2025, Haïti a réinstallé une barrière à Ouanaminthe, sur le pont reliant la République dominicaine, marquant un tournant dans la gestion de la frontière nord. Cette initiative, symbole de souveraineté et de sécurité, ravive l’espoir d’une cohabitation pacifique, tout en interpellant la diaspora.
Un symbole fort le jour du drapeau
Le 18 mai 2025, jour de la fête du Drapeau et de l’Université, Haïti a marqué les esprits en réinstallant une barrière frontalière à Ouanaminthe, sur le pont reliant la ville à Dajabón, en République dominicaine. Cette action, portée par le délégué départemental du Nord-Est, Dionel Germain, et le vice-délégué Mirbel Charles, répond à un besoin criant de contrôle et de sécurité dans une zone marquée par des tensions récurrentes. Pour les Haïtiens, de Cap-Haïtien à Miami, ce geste résonne comme une affirmation de la souveraineté nationale, surtout après deux ans d’absence de barrière, démontée en 2023 lors de protestations liées au canal d’irrigation de la rivière Massacre.
« Installer cette barrière un 18 mai, c’est honorer notre histoire et assumer notre devoir d’État », a déclaré Dionel Germain, soulignant l’importance symbolique et stratégique de cette initiative.
Une réponse à l’insécurité et aux tensions
La nouvelle barrière s’inscrit dans un contexte de défis majeurs à la frontière. Depuis 2023, la région a été secouée par des frictions autour du canal d’irrigation, qui ont conduit à une fermeture unilatérale de la frontière par la République dominicaine. À cela s’ajoutent les expulsions massives de migrants haïtiens, souvent dans des conditions inhumaines. En 2024, plus de 276 000 Haïtiens ont été rapatriés, dont 142 378 depuis octobre, selon la Direction générale des migrations dominicaine.
Face à cette réalité, la barrière vise à rétablir l’ordre et à protéger les intérêts haïtiens. « Elle n’est pas là pour diviser, mais pour encadrer une cohabitation pacifique », a insisté Germain, plaidant pour une frontière qui soit un espace de collaboration. Cette volonté de dialogue fait écho aux aspirations de la diaspora, notamment à Montréal et New York, où les Haïtiens suivent de près les relations avec leur voisin.
Un appel à renforcer l’État
L’installation a été saluée par des habitants, en particulier les transporteurs, qui y voient une étape vers une meilleure régulation des échanges. Cependant, plusieurs voix, dont celles de commerçants locaux, réclament une présence accrue du ministère du Commerce et de l’Industrie pour contrôler l’entrée des produits dominicains, qui représentent une part importante du marché haïtien. En 2023, 30,5 % des 958 millions de dollars d’exportations dominicaines vers Haïti transitaient par Ouanaminthe, selon l’économiste Etzer Émile.
Cette initiative intervient aussi alors que la République dominicaine renforce son propre dispositif frontalier, avec l’extension d’un mur de 176 km, annoncé en février 2025, pour freiner l’immigration illégale. Ce contraste souligne l’urgence pour Haïti de consolider ses institutions pour faire face aux pressions extérieures et internes.
Un pas vers la dignité nationale
L’absence de barrière depuis 2023, après sa destruction par des citoyens en colère, avait laissé la frontière vulnérable. Sa réinstallation, sous l’œil attentif des agents de la Police frontalière (Polifront), marque un retour de l’État dans une zone stratégique. Les citoyens présents lors de l’inauguration ont exprimé leur fierté, certains rappelant les sacrifices des ancêtres pour l’indépendance. Ce sentiment résonne particulièrement dans la diaspora, où les Haïtiens de Boston ou Paris cherchent des signes d’espoir pour leur pays.
Et demain, une frontière apaisée ?
La nouvelle barrière d’Ouanaminthe est plus qu’une structure : elle incarne la volonté d’Haïti de reprendre le contrôle de son destin. Mais pour que cet élan porte ses fruits, il faudra plus que du béton et des déclarations. À vous, Haïtiens d’ici et d’ailleurs, de soutenir cet effort en plaidant pour un État fort, des échanges équitables et une paix durable avec le voisin dominicain. Comment contribuerez-vous à bâtir une frontière qui unit plutôt que de diviser ?