Le ministre de la Culture et de la Communication revient de France avec des engagements concrets pour protéger nos trésors culturels menacés. Entre discussions avec l’UNESCO et projet de commission franco-haïtienne, Haïti tente de sauver son héritage face aux défis sécuritaires.
Dans un contexte où nos monuments historiques subissent les assauts de l’insécurité, Patrick Delatour a mené une mission diplomatique cruciale en France du 16 au 24 mai dernier. Intervenant lors des Mardis de la Nation le 3 juin, le ministre de la Culture et de la Communication a dressé le bilan d’une tournée qui pourrait marquer un tournant pour la préservation du patrimoine haïtien.
L’UNESCO au secours du patrimoine haïtien
Au cœur des discussions parisiennes : l’adhésion d’Haïti à la convention de La Haye de 1954. Ce traité international, méconnu du grand public mais essentiel, vise à protéger les biens culturels en temps de conflit armé. Une urgence pour Haïti, où les gangs n’épargnent plus rien, pas même nos trésors historiques.
Le ministre Delatour, accompagné de Dwoling Achille de l’ISPAN, a alerté les instances internationales sur une réalité alarmante : nos sites patrimoniaux sont en péril. L’incendie de la chapelle de Milot, les vandalismes dans le quartier historique de Bel-Air, la détérioration des sites de Belot et de Furcy… Autant d’exemples qui illustrent ce que le ministre qualifie d' »attaque contre l’identité nationale ».
Ces destructions ne sont pas le fruit du hasard. Elles s’inscrivent dans une stratégie plus large menée par « des forces hostiles à l’ordre républicain », selon les termes du ministre. Un constat qui résonne douloureusement pour tous les Haïtiens, qu’ils vivent à Port-au-Prince, dans les provinces ou dans la diaspora.
Une diplomatie culturelle offensive
La mission française de Patrick Delatour ne s’est pas limitée aux discussions avec l’UNESCO. Le ministre a multiplié les rencontres de haut niveau avec des représentants latino-américains, caribéens et du Centre du patrimoine mondial. L’objectif : faire entendre la voix d’Haïti et sensibiliser la communauté internationale à nos défis.
Parmi les dossiers urgents évoqués figure la réévaluation du rapport de l’ISPAN sur le Parc historique national, ainsi que les menaces pesant sur la route nationale #3. Des infrastructures vitales qui témoignent de notre histoire et conditionnent notre avenir.
Vers une commission mixte franco-haïtienne
Le point culminant de cette mission diplomatique reste la rencontre avec Gérard Larcher, président du Sénat français. Cette entrevue a débouché sur un projet ambitieux : la création d’une commission mixte franco-haïtienne. Cette instance viserait à renforcer la coopération entre nos deux pays dans trois domaines stratégiques : la défense, la protection du patrimoine et la diplomatie culturelle.
Pour la diaspora haïtienne en France, qui compte plusieurs centaines de milliers de personnes, cette initiative pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de collaboration et d’engagement pour la mère-patrie.
Un défi de taille pour l’avenir
Si ces avancées diplomatiques sont encourageantes, elles soulèvent une question fondamentale : comment protéger concrètement notre patrimoine quand l’État peine à assurer la sécurité sur son territoire ?
La mission de Patrick Delatour en France illustre une réalité paradoxale : pendant qu’Haïti cherche des partenaires internationaux pour sauvegarder son héritage culturel, ce même héritage continue de s’effriter sous les coups de l’insécurité. Un défi de taille qui interpelle chaque Haïtien, ici comme ailleurs, sur son rôle dans la préservation de notre identité commune.