Le patron de Delimart, accusé de mensonges et de complicité avec les gangs haïtiens, perdra son statut de résident permanent aux États-Unis. Une décision qui marque un tournant dans la stratégie américaine contre la déstabilisation d’Haïti.
L’étau se resserre autour de Pierre Reginald Boulos. Ce dimanche 27 juillet, l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a officialisé sur X ce que beaucoup redoutaient : l’homme d’affaires haïtien, figure emblématique du secteur privé national, sera bientôt expulsé vers Haïti après la révocation de son statut de résident permanent légal aux États-Unis.
Une arrestation qui fait du bruit
La chute de celui qui dirigeait l’empire Delimart s’est accélérée ces derniers jours. Après avoir été notifié de la décision de révoquer sa résidence, Boulos devait quitter les États-Unis le 16 juillet dernier. Mais l’homme d’affaires a finalement changé d’avis, une décision qui lui coûte aujourd’hui sa liberté. Les agents de l’ICE l’ont arrêté à son domicile et l’ont transféré à la prison fédérale du Nord de Miami.
« Comment pouvez-vous perdre votre statut légal aux États-Unis ? Mentez lorsque vous postulez », martèle l’ICE dans sa publication. L’agence accuse directement Boulos d’avoir « négligé de mentionner sa campagne de violence et son soutien aux gangs pour déstabiliser Haïti » dans ses documents d’immigration.
Des accusations lourdes de conséquences
Les autorités américaines ne font pas dans la demi-mesure. Selon le Département d’État, Boulos s’est engagé dans « une campagne de violences et de soutien aux gangs ayant contribué à l’instabilité en Haïti ». Mais ce n’est pas tout : l’homme d’affaires aurait également omis de déclarer sa création du Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haïti (MTVHaïti) et le fait qu’il était visé par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) pour usage abusif de prêts.
Cette double accusation – soutien aux gangs et fraude administrative – dessine le portrait d’un homme ayant joué sur plusieurs tableaux. D’un côté, l’entrepreneur prospère bâtissant son empire commercial ; de l’autre, le possible complice d’une déstabilisation qui plonge Haïti dans le chaos depuis des années.
Une stratégie américaine qui se durcit
L’affaire Boulos s’inscrit dans une offensive plus large de Washington contre les soutiens présumés de « Viv Ansanm », l’alliance de gangs classée organisation terroriste par les États-Unis. Le 21 juillet, le secrétaire d’État Marco Rubio avait déjà annoncé l’ouverture de procédures d’expulsion visant des Haïtiens résidents permanents soupçonnés de liens avec cette organisation.
Le message de l’ICE est sans équivoque : « Il recevra un accueil chaleureux de la part de l’Unité de lutte contre la corruption du gouvernement haïtien lorsque nous l’expulserons. » Une façon ironique de rappeler que Boulos devra répondre de ses actes une fois de retour au pays.
Un effet domino qui inquiète
Pierre Reginald Boulos n’est pas un cas isolé. André Michel, leader du Secteur Démocratique et Populaire (SDP), s’est vu révoquer son visa américain samedi dernier alors qu’il tentait de prendre un vol au Cap-Haïtien. Selon nos sources, d’autres personnalités politiques et du secteur privé pourraient subir le même sort avant la prise de fonction de Laurent Saint Cyr, prévue le 7 août prochain.
Cette vague de sanctions révèle une réalité troublante : combien de figures respectées de la société haïtienne ont-elles des liens cachés avec la violence qui ronge le pays ? Pour beaucoup d’Haïtiens, en Haïti comme dans la diaspora, ces révélations remettent en question la confiance accordée à certaines élites.
Rendez-vous avec la justice
Boulos doit comparaître devant la justice américaine le 31 juillet prochain, où son sort sera définitivement scellé. En attendant, l’homme qui a bâti un empire commercial se retrouve derrière les barreaux, symbole d’une époque où l’impunité semblait garantie pour certains.
Cette affaire marque-t-elle un tournant dans la lutte contre l’impunité en Haïti ? Alors que Washington resserre l’étau, une question demeure : combien d’autres figures de l’establishment haïtien dorment-elles sur leurs deux oreilles en sachant qu’elles pourraient être les prochaines sur la liste ?