Plus d’un million de plats chauds servis en cinq mois, 41 restaurants communautaires actifs dans l’Ouest et une extension prévue vers d’autres départements : le gouvernement haïtien intensifie son soutien aux familles chassées de leurs foyers par l’insécurité. Un effort titanesque dans un contexte où chaque geste compte.

Ce mardi 29 juillet, depuis les bureaux de la Primature à Port-au-Prince, le directeur général du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), Serge Gabriel Colin, a dévoilé les chiffres impressionnants de l’aide gouvernementale aux personnes déplacées internes. Une présentation qui témoigne de l’ampleur de la crise humanitaire que traverse le pays, mais aussi de la détermination des autorités à ne pas laisser les plus vulnérables sans assistance.

Une réponse d’urgence qui prend de l’ampleur

Entre mars et juillet 2025, l’effort déployé par le FAES frappe par son envergure. Plus d’un million de plats chauds ont été distribués dans les zones les plus affectées du département de l’Ouest – un chiffre qui donne le vertige quand on mesure la détresse qu’il reflète.

Quarante et un restaurants communautaires fonctionnent aujourd’hui à plein régime dans des quartiers stratégiques comme Delmas, Bourdon, Canapé-Vert et Christ-Roi. Chaque structure sert quotidiennement environ 1 000 repas, transformant ces espaces en véritables bouées de sauvetage pour des familles qui ont tout perdu.

Au-delà des repas chauds, ce sont plus de 21 000 kits de première nécessité qui ont été distribués : nourriture, produits d’hygiène, eau potable et récipients. Des éléments basiques qui, dans le contexte actuel, représentent souvent la différence entre la survie et l’abandon.

Quand l’aide devient aussi insertion sociale

L’initiative gouvernementale ne se contente pas de répondre à l’urgence alimentaire. Dans une démarche qui mérite d’être soulignée, plusieurs personnes déplacées internes ont été intégrées comme employés dans ces restaurants communautaires. Une approche qui permet aux bénéficiaires de retrouver dignité et autonomie tout en participant directement à l’effort de solidarité.

Cette stratégie rappelle l’esprit de « konbit » si cher à la culture haïtienne, où l’entraide communautaire devient force collective face aux épreuves.

L’extension vers d’autres régions

Le département du Centre, lui aussi durement touché par l’insécurité qui ronge le pays, a récemment vu s’ouvrir quatre nouveaux restaurants communautaires. Cette expansion témoigne de la volonté gouvernementale d’étendre progressivement le réseau d’assistance à l’ensemble des zones affectées.

La collaboration avec les institutions locales – Délégation départementale, Protection civile, Office national des migrations – illustre une approche coordonnée indispensable dans ce genre de crise humanitaire.

Transparence et contrôle : des enjeux cruciaux

Face aux défis de corruption qui ont souvent miné les efforts d’aide dans le passé, le FAES a mis en place des mécanismes de contrôle rigoureux. La collaboration avec la police communautaire vise à garantir que l’assistance atteigne réellement les personnes déplacées internes, et non d’autres bénéficiaires.

Cette préoccupation de transparence résonne particulièrement chez les Haïtiens de la diaspora, nombreux à avoir vécu la frustration de voir leurs contributions détournées de leur objectif initial.

Ces chiffres impressionnants témoignent d’un effort considérable, mais ils révèlent aussi l’ampleur dramatique de la crise que traverse Haïti. Alors que des milliers de familles continuent de fuir la violence, une question demeure : cette mobilisation gouvernementale sera-t-elle suffisante pour répondre durablement aux besoins des déplacés internes ? La réponse dépendra non seulement de la poursuite de ces efforts, mais aussi de la capacité du pays à retrouver la paix et la sécurité sur son territoire.

Partager.

Les commentaires sont fermés.

Exit mobile version