Le gouvernement haïtien dévoile un plan ambitieux pour transformer l’école publique. Entre soutien financier direct aux familles, fin du redoublement en primaire et nouvelles structures de gouvernance, cette rentrée s’annonce comme un tournant historique pour l’éducation nationale.

C’est dans une atmosphère de détermination que le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) a présenté, ce vendredi 12 septembre, sa feuille de route pour l’année scolaire 2025-2026. Une rentrée qui s’annonce différente, portée par des réformes audacieuses et un investissement financier sans précédent de 450 millions de gourdes.

« Restaurer l’autorité de l’école » : un défi qui persiste

Le ministre Augustin Antoine ne mâche pas ses mots : le thème de l’année précédente est reconduit car « il n’a pas encore été suffisamment développé ». Cette continuité témoigne de la volonté gouvernementale de s’attaquer durablement aux défis structurels de l’éducation haïtienne.

La rentrée officielle aura lieu symboliquement dans le Nord-Est, à l’École Makillon des Pêches, marquant l’engagement de l’État à valoriser les régions souvent oubliées.

Une révolution silencieuse : fini le redoublement en primaire

L’annonce fait l’effet d’une bombe dans le monde éducatif haïtien. Yves Roblin, directeur général du MENFP, l’affirme sans détour : « Le redoublement est désormais interdit au préscolaire et dans les classes de 1re à 4e année fondamentale. »

Cette mesure révolutionnaire, déjà appliquée dans de nombreux pays développés, place Haïti à l’avant-garde des réformes éducatives caribéennes. Les établissements devront désormais accompagner chaque élève vers la réussite plutôt que de les faire stagner.

Pour faciliter cette transition, un livre unique rédigé en langue maternelle sera mis à disposition des élèves de première année – une reconnaissance concrète du créole dans l’apprentissage.

240 000 familles soulagées : l’aide arrive directement sur Moncash

Bonne nouvelle pour les parents qui jonglent avec le coût de la rentrée : 240 000 familles recevront un soutien financier direct via les plateformes Moncash et Natcash. Cette initiative du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), en partenariat avec le MENFP, représente une bouffée d’oxygène pour des milliers de foyers.

Parallèlement, le Programme national de cantines scolaires (PNCS) étend sa couverture, garantissant un plat chaud à davantage d’élèves. Pour les familles de la diaspora qui soutiennent l’éducation de leurs proches restés au pays, ces mesures allègent considérablement le fardeau financier.

450 millions investis : Nord et Sud prioritaires

Sterline Civil, directrice du Fonds national de l’éducation (FNE), dévoile la répartition stratégique de l’enveloppe :

  • 180 millions de gourdes pour les écoles du Nord
  • 170 millions pour le grand Sud
  • 110 millions pour les Universités publiques en région

Cette géographie de l’investissement témoigne d’une volonté de rééquilibrage territorial, loin de la traditionnelle concentration sur Port-au-Prince. Même Cité Soleil, symbole des défis urbains, bénéficie de fonds pour la réhabilitation d’écoles.

Gouvernance renforcée : comptables et commissions d’éthique

Les nouvelles mesures de gouvernance marquent une rupture avec les pratiques passées. Désormais, chaque lycée disposera d’un comptable, et chaque direction départementale d’une commission d’éthique où parents et élèves pourront déposer plainte en cas d’abus.

Ces innovations, inspirées des meilleures pratiques internationales, rappellent l’importance de la transparence – une valeur chère aux Haïtiens de l’étranger qui investissent dans l’éducation de leur pays d’origine.

L’alphabétisation des adultes : une seconde chance nationale

Mozart Clérisson, secrétaire d’État à l’alphabétisation, profite de l’occasion pour annoncer le lancement d’un programme d’alphabétisation adulte dans les dix départements du pays. Démarrant en octobre dans six départements, cette initiative offre une seconde chance à des milliers d’Haïtiens.

Un défi de taille : respecter l’autorité de l’État

Alors que certaines écoles ont déjà ouvert leurs portes, le ministre Antoine rappelle fermement que la rentrée officielle reste fixée au 1er octobre. Un appel à l’ordre qui souligne les défis de coordination dans un système éducatif fragmenté.

Cette rentrée 2025 s’annonce comme un test grandeur nature pour l’ambition éducative haïtienne. Entre réformes audacieuses et investissements massifs, le gouvernement semble déterminé à faire de l’école un véritable ascenseur social. Reste à voir si les moyens suivront les ambitions sur le terrain. Pour les familles haïtiennes, qu’elles soient à Pétion-Ville ou à Montréal, l’espoir d’une éducation de qualité n’aura jamais été aussi tangible.

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