L’ancienne mairesse de l’Arcahaie, Rosemila Petit-Frère, a été appréhendée à Puerta Plata avec une importante somme d’argent. Cette arrestation relance les projecteurs sur plusieurs affaires de corruption et soulève des questions sur une possible coopération judiciaire entre Haïti et la République Dominicaine.
L’ex-mairesse de l’Arcahaie et figure proche de l’ancien Premier ministre Ariel Henry, Marie Rosemila Petit-Frère, se trouve aujourd’hui entre les mains des autorités dominicaines. Arrêtée dès son arrivée du Canada à l’aéroport de Puerta Plata, elle transportait selon nos sources une somme d’argent considérable qui a éveillé les soupçons.
Transférée immédiatement vers Saint-Domingue, la capitale dominicaine, Mme Petit-Frère fait face à ce que les services de renseignement qualifient de « sérieux problèmes judiciaires ». Cette interpellation soulève une question cruciale : y a-t-il eu coordination entre la Police nationale d’Haïti (PNH) et les forces dominicaines ? Une collaboration qui, si elle se confirme, marquerait un tournant dans la coopération transfrontalière contre la criminalité.
Un passé judiciaire chargé
Le nom de Rosemila Petit-Frère n’est pas inconnu des tribunaux haïtiens. En 2023, elle avait été convoquée dans l’explosive affaire de corruption présumée à la Caisse d’Assistance Sociale (CAS), où l’ex-directrice Edwin Tonton avait déjà été incarcérée. L’audition devant le juge d’instruction Jean Wilner Morin avait été reportée, ses avocats invoquant des problèmes de santé post-opératoires.
Cette affaire de la CAS avait défrayé la chronique, touchant au cœur de l’aide sociale destinée aux plus vulnérables du pays – un sujet particulièrement sensible pour les familles haïtiennes qui dépendent de ces programmes, qu’elles soient à Port-au-Prince, dans les provinces ou même dans la diaspora qui envoie des fonds pour soutenir ces initiatives.
Des soupçons autour des négociations avec les gangs
Plus troublant encore, le nom de Mme Petit-Frère a circulé dans les milieux bien informés concernant des négociations présumées avec des groupes armés. Aux côtés de Magalie Habitant, elle aurait été impliquée dans des pourparlers avec des gangs – des discussions qui auraient mal tourné et précédé le drame de l’Hôpital général en décembre 2024, où des journalistes ont payé de leur vie.
Ces révélations touchent particulièrement la communauté haïtienne, car elles soulèvent des questions fondamentales : comment des responsables politiques peuvent-ils négocier avec ceux-là mêmes qui terrorisent la population ? Pour les Haïtiens de l’intérieur comme ceux de la diaspora qui suivent avec angoisse la dégradation sécuritaire, ces allégations – bien que niées par l’intéressée – alimentent un sentiment de trahison.
Un réseau aux ramifications inquiétantes
L’arrestation de Rosemila Petit-Frère pourrait également rouvrir le dossier Fednel Monchery, l’ancien directeur général du ministère de l’Intérieur sanctionné pour le massacre de La Saline. Son nom apparaît dans plusieurs enquêtes sensibles, créant un maillage d’affaires qui dessinent un tableau préoccupant des liens entre politique et criminalité organisée.
Ces connexions rappellent amèrement aux Haïtiens les périodes les plus sombres de leur histoire, où la collusion entre pouvoir politique et forces occultes a plongé le pays dans le chaos. Pour la diaspora haïtienne, qui observe souvent impuissante depuis l’étranger, ces révélations alimentent le sentiment d’un système corrompu jusqu’au sommet.
Une arrestation qui pose des questions
L’interpellation à Puerta Plata soulève des interrogations légitimes. Pourquoi cette arrestation maintenant ? Sur quelles bases juridiques ? Et surtout, cette coopération entre les autorités haïtiennes et dominicaines marque-t-elle un nouveau chapitre dans la lutte contre l’impunité ?
Cette arrestation en République Dominicaine pourrait-elle enfin permettre de faire la lumière sur des dossiers restés trop longtemps dans l’ombre ? Pour un peuple haïtien en quête de justice et de transparence, l’affaire Rosemila Petit-Frère représente un test crucial : celui de savoir si les responsables politiques peuvent encore échapper aux conséquences de leurs actes, où qu’ils se trouvent dans la Caraïbe.