La Gonâve, 22 mars 2025 – Face à une crise politique qui perdure, Sonet Saint-Louis, professeur de méthodologie et de droit constitutionnel à l’Université d’État d’Haïti, propose une alternative pour sortir le pays de l’impasse. Dans une tribune percutante, il appelle à une transition dirigée par un juge de la Cour de cassation, estimant que cette solution permettrait d’assurer un retour à la stabilité et à l’État de droit.
Une gouvernance illégitime et sans contrôle
Dénonçant une « transition circulaire » qui perpétue l’instabilité, le professeur Saint-Louis critique vertement les élites politiques qu’il accuse de vouloir imposer au pays des gouvernements « illégaux et illégitimes ». Selon lui, cette classe politique, dépourvue d’ancrage populaire et soutenue par une frange de l’oligarchie ainsi que certains acteurs de la communauté internationale, est responsable de la situation actuelle. Il rappelle que le pays est resté cinq ans sans élections, soit l’équivalent d’un mandat présidentiel complet, sans qu’aucune véritable réforme démocratique n’ait été entreprise.
Le Conseil présidentiel de transition (CPT) n’échappe pas à ses critiques. Il le qualifie de « corrompu et médiocre », et accuse plusieurs de ses membres d’être impliqués dans des affaires de corruption. Il estime que cette gouvernance a aggravé la crise, soulignant l’absence de transparence, de contrôle et de reddition de comptes.
Un appel à une présidence provisoire impartiale
Face à cette situation qu’il décrit comme une « iniquité nationale », Sonet Saint-Louis plaide pour un changement radical : la mise en place d’un juge de la Cour de cassation à la tête de la transition. Selon lui, une telle mesure garantirait une gouvernance impartiale et républicaine, capable de ramener la stabilité et de préparer le terrain pour des élections crédibles.
« Chaque jour qui passe est une nouvelle déchéance. Il est temps de mettre fin à cette tragédie nationale en remettant le pouvoir à un(e) juge issu(e) de la Cour de cassation pour assurer la présidence provisoire d’Haïti et restaurer les institutions démocratiques », affirme-t-il.
Critique de la mainmise politique sur l’administration
Le professeur met également en garde contre l’influence néfaste du CPT sur l’administration publique. Il dénonce un système de clientélisme qui, selon lui, détruit l’esprit de service public et transforme l’État en un outil au service d’intérêts privés. Il appelle ainsi à un retour aux valeurs républicaines, où le pouvoir est exercé au nom de l’intérêt général et non pour des considérations partisanes.
Dans son analyse, il n’épargne pas la classe politique haïtienne, qu’il tient pour responsable des multiples crises ayant conduit à trois interventions militaires étrangères en moins de trente ans. Pour lui, cet échec traduit une « faillite monumentale » des idéaux nationaux, justifiant ainsi son appel à écarter cette élite du pouvoir.
Un sursaut national pour une Haïti souveraine
Sonet Saint-Louis exhorte le peuple haïtien à reprendre son destin en main. Il insiste sur la nécessité d’une transition crédible qui mette fin au cycle d’instabilité et de dépendance. « Nous marchons vers la fin de quelque chose. Pour éviter que tout prenne fin dans l’absurde, donnons le pouvoir à un(e) juge de la Cour de cassation. Cela est raisonnable ! », clame-t-il.
En conclusion, il lance un appel à l’unité et à l’action pour reconstruire le pays sur des bases solides. « Ensemble, faisons en sorte que notre nation se relève, se réinvente et prospère, en mettant fin à ce cycle de dépendance et en redonnant à Haïti sa dignité et sa souveraineté », déclare-t-il, convaincu que seule une refondation institutionnelle pourra sortir Haïti de l’impasse actuelle.