L’Artibonite endeuillée après une embuscade meurtrière qui a coûté la vie à cinq personnes, dont trois agents de l’UDMO. Une attaque qui ravive les plaies d’un territoire en proie à la terreur des gangs et soulève des questions sur l’efficacité de la stratégie sécuritaire du pays.

Un piège mortel dans l’après-midi

Mardi 22 juillet, vers 15h, l’horreur a frappé une nouvelle fois Liancourt. Un blindé de la Police Nationale d’Haïti (PNH) effectuait une patrouille de routine quand les bandits du redoutable gang Gran Grif, dirigé par Lucson Elan, ont tendu leur piège. Encerclé, attaqué puis incendié, le véhicule blindé s’est transformé en cercueil pour ses occupants.

Le bilan est lourd : cinq morts, dont trois policiers de l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO). Seul le chauffeur a réussi à s’échapper de cet enfer, selon les témoignages recueillis au commissariat de Liancourt.

La macabre célébration des criminels

Comme pour narguer l’État haïtien et terroriser davantage la population, les bandits ont filmé leur « victoire ». Sur les réseaux sociaux circulent des vidéos glaçantes montrant Lucson Elan et ses hommes célébrant ce massacre. Une humiliation publique qui rappelle douloureusement les méthodes des groupes terroristes internationaux.

Cette mise en scène médiatique vise à démontrer l’impuissance des forces de l’ordre face à une criminalité qui n’hésite plus à défier ouvertement l’autorité de l’État.

Des appels au secours ignorés

« Sur tous les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels, des appels à l’aide et des demandes de renforts ont été lancés depuis plusieurs jours aux autorités supérieures, qui n’ont rien fait », dénoncent amèrement les agents de l’UDMO. Ces cris d’alarme, restés sans réponse, interrogent sur la coordination entre les différents échelons de la hiérarchie sécuritaire.

Jean Jude Chéry, commissaire principal de l’arrondissement de Saint-Marc, reconnaît les difficultés : « Les forces de l’ordre se sont engagées sur tous les fronts nuit et jour. L’éternel énigme, c’est de savoir où et quand les gangs terroristes vont frapper, puisqu’ils deviennent de plus en plus nombreux, agressifs et actifs. »

L’Artibonite sous le choc, un territoire à la dérive

Cette tragédie ravive les blessures du 25 janvier 2023, quand six policiers de la même unité avaient péri dans des circonstances similaires à Liancourt. Deux ans et demi plus tard, la situation n’a fait qu’empirer.

L’Artibonite, ce grenier d’Haïti qui nourrit une bonne partie du pays, vit désormais sous la terreur. La population, indignée, menace de paralyser l’administration publique. Les directeurs d’opinion peinent à calmer les esprits face à une colère légitime qui monte.

Une question qui hante tous les Haïtiens

Au-delà des condoléances d’usage et des promesses récurrentes, cette nouvelle tragédie pose une question fondamentale : jusqu’où l’État haïtien laissera-t-il les gangs dictuer leur loi ? Combien de vies supplémentaires faudra-t-il sacrifier avant qu’une véritable stratégie soit mise en place ?

Pour nos compatriotes de la diaspora qui suivent avec angoisse la dégradation sécuritaire du pays, et pour ceux qui vivent quotidiennement cette réalité sur le terrain, une chose est claire : l’heure n’est plus aux demi-mesures. L’Artibonite, comme le reste d’Haïti, mérite mieux que cette spirale de violence qui semble n’avoir aucune fin.

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