Avec seulement 39 % d’approbation, le président américain divise, et ses politiques migratoires crispent la diaspora haïtienne

À peine 100 jours après son retour à la Maison Blanche, Donald Trump enregistre le plus faible taux d’approbation d’un président américain en 80 ans, avec 39 % selon un sondage. Pour les Haïtiens en Haïti et dans la diaspora, ses politiques migratoires et économiques suscitent des craintes, mais aussi un espoir de résistance face à un climat incertain.

Un président au plus bas

Cent jours après son investiture le 20 janvier 2025, Donald Trump traverse une tempête de désapprobation. Selon un sondage Washington Post-ABC News-Ipsos publié le 27 avril, seulement 39 % des Américains soutiennent sa gestion, contre 55 % qui la rejettent. Ce score, le plus bas pour un président à ce stade depuis 80 ans, surpasse même la faible popularité de son premier mandat (42 %). « C’est une chute impressionnante », note ABC News, soulignant que les politiques radicales de Trump divisent profondément.

Pour les Haïtiens de Miami, New York ou Montréal, où la diaspora suit de près la politique américaine, ce désaveu est un signal d’alerte. « Trump promettait un miracle économique, mais tout ce qu’on voit, c’est la peur », confie Jean, un chauffeur de taxi à Brooklyn, qui craint pour sa famille restée à Port-au-Prince.

L’économie, un talon d’Achille

L’économie, jadis un point fort de Trump, est aujourd’hui sa principale faiblesse. Le sondage révèle que 72 % des Américains redoutent une récession à court terme, un avis partagé par 51 % des Républicains. « 43 % des hommes blancs sans diplôme, son électorat de base, disent que l’économie s’est détériorée », rapporte ABC News. Cette méfiance touche aussi la diaspora haïtienne, qui dépend des transferts d’argent pour soutenir les proches en Haïti. « Si l’économie américaine tousse, c’est Haïti qui s’étouffe », explique Marie, une commerçante de Little Haiti à Miami.

Les coupes dans la recherche médicale (77 % de désapprobation) et la fermeture du ministère de l’Éducation (66 %) indignent également, tout comme l’ingérence dans les universités privées, comme Harvard (70 %). Ces mesures rappellent aux Haïtiens les luttes pour l’accès à l’éducation, un enjeu vital dans un pays où les écoles ferment sous la menace des gangs.

Immigration : une politique controversée

La gestion migratoire de Trump, avec 46 % d’approbation, est son domaine le moins critiqué, mais elle crispe la communauté haïtienne. Ses déportations sans jugement de migrants suspectés de liens avec des gangs, notamment vers le Salvador, divisent : 51 % les désapprouvent, 34 % les soutiennent, et 16 % les jugent trop laxistes. Pour les Haïtiens, ces politiques évoquent les expulsions brutales en République Dominicaine, dénoncées par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) le 24 avril. « On nous traite comme des criminels, ici et là-bas », s’indigne un étudiant haïtien à Boston sur X.

La diaspora, forte de 700 000 personnes aux États-Unis, craint un durcissement des conditions pour les Haïtiens sous le Temporary Protected Status (TPS). « Si Trump resserre la vis, beaucoup devront rentrer dans un Haïti en guerre », alerte un militant de Haitian Bridge Alliance.

Un président qui divise son propre camp

Même parmi les Républicains, Trump perd du terrain. Les électeurs blancs sans diplôme, son socle traditionnel, ne soutiennent sa politique qu’à 54 %, en baisse de 10 points. Pourtant, 83 % des Républicains restent fidèles, et seuls 6 % des électeurs de novembre regrettent leur vote. « Trump garde sa base, mais il fissure son propre mur », analyse ABC News. Les Démocrates, eux, peinent à capitaliser, avec seulement 30 % de confiance contre 37 % pour Trump.

En Haïti, où la politique américaine influence l’aide internationale, ce clivage inquiète. La faiblesse de la mission multinationale kenyane, promise par les États-Unis, et les promesses non tenues de la communauté internationale, dénoncées par le CPT, rappellent que les soubresauts de Washington ont des échos à Port-au-Prince.

Un enjeu environnemental et moral

Sur le plan environnemental, 61 % des Américains rejettent la réduction des normes pour le forage pétrolier, une mesure qui alarme les Haïtiens, habitués aux ravages climatiques des ouragans. La lutte contre les programmes de diversité (51 % de désapprobation) choque aussi, rappelant les combats pour l’égalité dans des communautés comme Little Haiti. « Trump veut effacer nos voix, mais on ne se taira pas », promet une activiste haïtienne à New York.

Le sondage révèle un sentiment profond : 49 % des Américains estiment que Trump éloigne le pays de ses principes fondateurs, contre 34 % qui pensent l’inverse. Pour les Haïtiens, ce débat résonne avec leur propre lutte pour la démocratie, dans un pays où le CPT peine à tenir ses promesses après un an au pouvoir.

Une diaspora en alerte, un peuple résilient

Ce bilan des 100 jours de Trump est un appel à la vigilance pour les Haïtiens. À Port-au-Prince, où les gangs contrôlent 85 % de la ville, les incertitudes américaines aggravent l’isolement. À Montréal, où les Haïtiens s’organisent pour envoyer de l’aide, la peur d’une récession plane. Mais la résilience, incarnée par des figures comme Melchie Dumornay ou Fabrice Rouzier, qui défend ses droits d’auteur, montre la voie. À nous, Haïtiens d’ici et d’ailleurs, de rester unis face à ces défis. Si Trump divise l’Amérique, que ferons-nous pour renforcer Haïti ? Votre réponse peut changer la donne.

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