Le président américain a dévoilé mercredi un plan ambitieux pour dominer le secteur de l’IA mondiale. Entre accélération du développement technologique, « diplomatie IA » et chasse aux biais idéologiques, Washington mise tout sur cette révolution numérique. Un enjeu stratégique qui dépasse largement les frontières américaines et concerne aussi les pays en développement comme Haïti.
« À partir d’aujourd’hui, la politique des États-Unis sera de tout faire pour être le leader mondial sur l’intelligence artificielle », a martelé Donald Trump lors du sommet de Washington. Cette déclaration, prononcée dans un contexte de rivalité technologique intense avec la Chine, marque un tournant dans l’approche américaine de l’IA.
Contrairement à son prédécesseur Joe Biden, qui privilégiait un développement contrôlé avec un accent sur la sécurité, Trump opte pour une course à l’armement technologique sans retenue. Un changement de cap qui s’appuie sur 90 mesures concrètes, fruit d’une consultation lancée en février auprès des professionnels du secteur.
L’infrastructure au cœur de la stratégie
Premier pilier du plan : accélérer massivement la construction de centres de données. Ces installations, véritables cathédrales numériques du XXIe siècle, nécessitent des investissements colossaux et une énergie considérable. Pour les financer et les alimenter, l’administration Trump prévoit de faciliter l’octroi des permis de construction et de lancer de grands projets énergétiques.
Cette course aux infrastructures rappelle l’importance de l’accès à la technologie pour tous les pays. Pour Haïti, qui peine déjà à garantir un accès stable à l’électricité et à internet, ces développements soulignent le fossé technologique croissant avec les puissances mondiales. Les Haïtiens de la diaspora, particulièrement ceux travaillant dans la tech aux États-Unis, observent cette révolution avec un mélange d’admiration et d’inquiétude pour leur pays d’origine.
La « diplomatie IA » : conquérir le monde numérique
Deuxième volet : exporter massivement l’IA américaine. David Sacks, principal conseiller de la Maison Blanche pour l’IA, parle de « diplomatie IA » pour décrire cette stratégie d’influence. L’idée ? Mobiliser l’Agence américaine de développement et la Banque d’import-export pour soutenir les exportations technologiques américaines.
« Pour gagner cette course, il faut que les modèles américains d’IA soient utilisés dans le monde entier », explique Michael Kratsios, directeur des questions scientifiques. Cette ambition de faire de « l’IA américaine le standard de référence » résonne particulièrement dans les petits États comme Haïti, souvent contraints d’adopter les technologies imposées par les grandes puissances.
La chasse aux « biais idéologiques »
Troisième axe, plus polémique : la lutte contre les « biais idéologiques » dans l’IA générative. Trump entend interdire aux services gouvernementaux d’utiliser des logiciels d’IA qui manifesteraient de telles orientations. Une mesure qui reflète les tensions culturelles américaines autour de la neutralité technologique.
Cette préoccupation peut sembler lointaine vue d’Haïti, mais elle soulève des questions universelles : qui contrôle les algorithmes qui façonnent notre information ? Comment s’assurer que l’IA respecte la diversité culturelle ? Pour les communautés créoles et francophones, ces enjeux sont cruciaux dans un monde numérique dominé par l’anglais.
Un défi planétaire aux implications locales
Cette offensive américaine s’inscrit dans une rivalité géopolitique plus large, notamment avec la Chine. Mais ses implications dépassent largement les frontières des superpuissances. Les pays en développement, comme Haïti, risquent de se retrouver spectateurs d’une révolution qui transformera pourtant profondément leurs sociétés.
L’IA promet de révolutionner l’éducation, la santé, l’agriculture – autant de secteurs cruciaux pour Haïti. Mais sans stratégie nationale cohérente ni investissements adaptés, le pays pourrait voir se creuser encore davantage l’écart technologique qui le sépare déjà des économies avancées.
L’urgence d’une réflexion haïtienne
Pour les décideurs haïtiens, le plan Trump sonne comme un rappel à l’ordre. Pendant que les grandes puissances se livrent une guerre technologique sans merci, Haïti peine encore à garantir l’accès à l’électricité dans ses provinces. Cette fracture numérique risque de compromettre durablement les perspectives de développement du pays.
La révolution de l’intelligence artificielle ne s’arrêtera pas aux frontières des pays riches. Pendant que Trump lance son offensive technologique, les nations comme Haïti ont-elles encore le temps de monter dans ce train du futur ? Entre les défis sécuritaires immédiats et la nécessité de préparer l’avenir numérique, les choix d’aujourd’hui détermineront la place d’Haïti dans le monde de demain.