En grande pompe pour la fête nationale américaine, Donald Trump a promulgué vendredi sa controversée loi budgétaire. Entre promesses tenues et coupes drastiques dans les programmes sociaux, cette législation pourrait affecter directement des milliers de familles haïtiennes aux États-Unis.
La scène était grandiose : bombardiers furtifs B-2 survolant la Maison Blanche, feux d’artifice et discours triomphal du président. Donald Trump a choisi le 4 juillet, jour de l’indépendance américaine, pour parapher ce qu’il appelle sa « grande et belle loi » budgétaire, après un vote au finish au Congrès.
Un budget qui divise l’Amérique
« Nous entrons dans l’âge d’or de l’Amérique », a déclaré Trump lors de la cérémonie. Mais derrière cette rhétorique grandiose se cache une réalité plus complexe. La loi a été adoptée de justesse : 218 voix contre 214 à la Chambre des représentants, témoignant des divisions profondes qu’elle suscite.
Cette législation tentaculaire de 4.500 milliards de dollars honore les promesses de campagne du président républicain : augmentation des dépenses militaires, financement d’une campagne d’expulsion massive de migrants, et prolongation des crédits d’impôt pour les plus fortunés.
Des coupes qui frappent les plus vulnérables
Le revers de la médaille concerne directement les communautés les plus fragiles, dont fait partie une importante frange de la diaspora haïtienne. Pour financer ces dépenses, la loi impose des coupes drastiques dans les programmes sociaux essentiels.
Le programme fédéral d’aide alimentaire sera réduit, touchant potentiellement des milliers de familles haïtiennes qui en dépendent, notamment en Floride et à New York. Plus préoccupant encore, Medicaid – le régime d’assurance santé pour les Américains à revenus modestes – subira ses plus importantes réductions depuis sa création dans les années 1960.
17 millions d’Américains risquent de perdre leur couverture santé
Les estimations sont alarmantes : jusqu’à 17 millions de personnes pourraient perdre leur couverture d’assurance santé, et des dizaines d’hôpitaux ruraux pourraient fermer. Pour les Haïtiens vivant dans des zones rurales du Sud des États-Unis, ces fermetures représentent une menace directe à leur accès aux soins.
Kevin Hassett, principal conseiller économique de Trump, tente de rassurer en évoquant des « fonds spéciaux pour garantir la couverture médicale en zone rurale ». Mais ces promesses peinent à convaincre face à l’ampleur des coupes annoncées.
La résistance s’organise
Cette loi budgétaire confirme l’emprise de Trump sur le parti républicain, malgré l’opposition bruyante de son ancien allié Elon Musk, qui dénonce le creusement de la dette publique. Les démocrates, eux, y voient une « énorme redistribution de richesses des Américains les plus pauvres vers les plus riches ».
Pour les élections de mi-mandat de 2026, ils comptent sur le mécontentement des populations affectées pour reconquérir la majorité à la Chambre des représentants.
Entre patriotisme et réalisme
Les réactions des Américains ordinaires reflètent cette division. Rachel Prager, employée gouvernementale de 45 ans, confie ne pas être « particulièrement optimiste » mais relativise : « Les pays connaissent des hauts et des bas, et c’est une période de division particulièrement profonde. »
Michael Keaton, 50 ans, résume l’état d’esprit d’une partie de l’Amérique : « On peut aimer son pays tout en reconnaissant ses défauts. Nous devons tous essayer de faire ce que nous pouvons pour rendre ce pays meilleur. »
Pour la diaspora haïtienne, cette loi budgétaire représente un double défi : naviguer entre les promesses d’un « âge d’or » américain et la réalité de coupes qui risquent de fragiliser les plus vulnérables. Dans ce contexte, l’organisation communautaire et la mobilisation politique deviennent plus cruciales que jamais.