Port-au-Prince, 2 avril 2025 – Un an après la signature de l’accord du 3 avril 2024, qui devait ouvrir la voie à une transition politique stable, l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) tire un constat amer. Dans un communiqué publié ce mercredi, le parti politique signataire de cet accord dénonce une dégradation accélérée de la situation sécuritaire et un échec total du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement à restaurer l’autorité de l’État.
Un pays à la dérive, une transition en échec
L’OPL exprime son indignation face à ce qu’elle qualifie d’inaction des autorités. « Les dirigeants actuels assistent passivement à la disparition du pays et de sa population », peut-on lire dans le communiqué. Alors que l’accord du 3 avril 2024 devait permettre une gouvernance responsable et sécurisée, le parti constate que le chaos n’a fait qu’empirer.
La récente attaque de Mirebalais, après la perte de plusieurs quartiers de la capitale, illustre selon l’OPL cet échec flagrant. Le parti, représenté au sein du CPT par Edgard L. Fils, estime que la transition a non seulement échoué à restaurer l’autorité de l’État, mais qu’elle a contribué à fragmenter encore davantage le territoire, laissant de vastes zones sous le contrôle de groupes armés.
Un Conseil Présidentiel et un gouvernement sans efficacité
L’OPL pointe du doigt l’incapacité du CPT et du gouvernement à prendre des décisions fermes pour lutter contre l’insécurité. Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé est particulièrement visé par ces critiques, le parti estimant qu’il a failli à sa mission de rétablissement de l’ordre et de préparation des élections.
Le parti s’insurge aussi contre la gestion controversée des ressources sécuritaires, notamment l’utilisation exclusive des drones par une structure liée à la Primature et non par la Police Nationale d’Haïti (PNH). Cette centralisation des moyens technologiques essentiels à la lutte contre la criminalité transnationale ralentirait, selon l’OPL, les efforts pour combattre efficacement l’insécurité.
Alors que la transition devait aboutir à l’organisation d’élections générales et à une réforme constitutionnelle, le parti constate qu’aucun progrès tangible n’a été réalisé après douze mois. Pour l’OPL, l’organisation de scrutins en 2025 relève désormais de l’utopie, sauf sursaut immédiat des autorités.
Les revendications de l’OPL pour un changement de cap
Face à cette situation catastrophique, l’OPL formule plusieurs exigences :
- Mise en place d’un gouvernement compétent : Le parti demande un exécutif déterminé à restaurer la sécurité et organiser les élections dans les plus brefs délais.
- Renforcement des moyens de la PNH et des Forces Armées : L’OPL réclame des ressources matérielles et logistiques conséquentes pour permettre aux forces de l’ordre de lutter efficacement contre le terrorisme.
- Soutien aux déplacés internes : Alors que plus de 60 000 personnes ont fui Port-au-Prince depuis février 2025, le parti exhorte les autorités à prendre des mesures d’urgence pour venir en aide aux victimes de la violence.
- Arrestation des criminels et complices : L’OPL exige une action judiciaire immédiate contre les individus et réseaux responsables de l’insécurité.
En outre, le parti appelle la population à poursuivre la résistance contre le terrorisme et exhorte la PNH à cesser la répression des manifestations citoyennes dénonçant l’incurie du gouvernement.
Haïti, capitale mondiale de la violence ?
La dégradation de la situation sécuritaire sous la transition est vertigineuse. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 60 000 personnes ont été déplacées à Port-au-Prince depuis février 2025. À ce jour, 85 % de la capitale est sous le contrôle de gangs armés, et ce malgré la présence d’une mission multinationale censée appuyer la sécurité.
Un an après l’arrivée au pouvoir du CPT, composé de neuf présidents, Port-au-Prince est désormais classée comme la ville la plus violente du monde en 2024, selon une étude d’un organisme mexicain. Un constat glaçant qui renforce le sentiment d’échec généralisé de la transition.
Alors que le pays sombre dans une crise sans précédent, l’OPL met en garde contre l’inaction et l’inertie du pouvoir en place. Pour le parti, l’heure n’est plus aux discours mais aux actes. Reste à voir si le CPT saura rectifier le tir ou s’il sera emporté par la colère populaire.
Un an après la signature de l’accord censé remettre Haïti sur les rails, le pays continue de sombrer dans le chaos. Entre insécurité record, inefficacité du gouvernement et absence de perspectives électorales, la transition est plus que jamais remise en question. Face à cette impasse, l’OPL réclame des changements immédiats. Mais le pouvoir en place a-t-il encore les moyens de restaurer la confiance et la stabilité ?