Après des décennies d’attente, les étudiants de l’Université d’État d’Haïti (UEH) vont enfin bénéficier d’une couverture d’assurance maladie. Un accord historique signé le 7 novembre avec l’OFATMA met fin à une injustice criante et promet de sauver des vies.
Un protocole d’accord qui fait date
C’est dans les locaux du rectorat de l’UEH, ce vendredi 7 novembre 2025, que le recteur Dieuseul Prédélus et le directeur général de l’Office d’assurance accidents du travail, maladie et maternité (OFATMA), Vikerson Garnier, ont posé un acte historique : la signature d’un protocole d’accord offrant aux étudiants une couverture d’assurance maladie.
La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre des Affaires sociales et du Travail, Georges Wilbert Franck, du vice-recteur aux Affaires académiques, Predner Duvivier, du secrétaire général de l’UEH, Louis Rodrigue Thomas, ainsi que de nombreux cadres et invités.
Selon le recteur Prédélus, le programme sera opérationnel dès la semaine prochaine, et chaque étudiant inscrit recevra une carte d’assurance personnelle.
Une promesse tenue qui sauvera des vies
Cette initiative concrétise une promesse électorale du recteur Prédélus, qui a fait du bien-être étudiant l’une des priorités de son mandat. Pour lui, il s’agit d’un « acte historique pour l’université et un geste concret en faveur du bien-être étudiant ».
Dans un témoignage poignant, le recteur a rappelé les drames silencieux vécus par des générations d’étudiants : « Il y a des lustres, nous avons été témoins de drames silencieux. Combien d’étudiants, faute de moyens, ont dû supporter la maladie dans le silence ? Combien d’autres ont dû interrompre leurs études pour pouvoir payer des soins médicaux ou acheter des médicaments ? Et parfois, dans les cas les plus douloureux, combien ont perdu la vie simplement parce qu’ils n’ont pas pu recevoir les soins nécessaires à temps ? »
Ces mots résonnent particulièrement dans les familles haïtiennes, au pays comme dans la diaspora, qui connaissent trop bien les sacrifices imposés par le manque d’accès aux soins de santé.
Tous les étudiants inscrits seront couverts
Jusqu’à présent, les étudiants constituaient la seule composante de la communauté universitaire non couverte par une assurance. Avec ce nouvel accord, tous les étudiants régulièrement inscrits dans une entité académique de l’UEH pourront bénéficier de cette protection.
Le recteur Prédélus a assuré que le directeur de l’OFATMA fera des efforts pour faciliter l’utilisation rapide et efficace des cartes d’assurance dans les hôpitaux, permettant ainsi aux étudiants d’accéder aux soins « dans la tranquillité et la dignité ».
L’OFATMA salue un « tournant extrêmement important »
De son côté, Vikerson Garnier, directeur général de l’OFATMA et lui-même ancien étudiant de l’UEH, s’est réjoui de cette initiative : « Pour avoir été étudiant à l’UEH, je me réjouis de cette opportunité combien importante pour les étudiants. »
Il a souligné que ce projet est le fruit d’un long combat mené par différentes générations d’étudiants, devenus aujourd’hui professeurs et dirigeants. « Ce projet est né d’un dialogue éclairé entre l’UEH et l’OFATMA, avec l’appui du ministère des Affaires sociales et du Travail et du Conseil d’administration des organismes de sécurité sociale (CAOS) », a-t-il précisé.
Un droit fondamental enfin reconnu
Présent à la cérémonie, le ministre Georges Wilbert Franck n’a pas caché son émotion, tout en exprimant un « reproche collectif » : « C’est avec un sentiment de joie mais aussi de reproche collectif que je participe à cette signature. Cet accord donne enfin accès à un droit social fondamental que l’État haïtien aurait dû garantir depuis longtemps. »
Le protocole signé est valable pour une durée de douze mois, renouvelable au début de chaque nouvelle année fiscale. Il fixe les modalités d’affiliation des étudiants au régime d’assurance volontaire de l’OFATMA et les couvre contre le risque maladie.
Une avancée majeure, mais attention à la mise en œuvre
Cette assurance maladie pour les étudiants de l’UEH représente une victoire historique et un immense soulagement pour des milliers de jeunes et leurs familles. Mais comme toute initiative en Haïti, le véritable défi sera dans l’exécution : les cartes seront-elles distribuées rapidement ? Les hôpitaux accepteront-ils ces assurances sans complications ? Les médicaments seront-ils disponibles ?
Pour que cette promesse devienne réalité et non pas une simple formalité administrative, il faudra une vigilance de tous les instants. Les étudiants, leurs parents et la diaspora suivront de près cette mise en œuvre, car trop souvent, les belles annonces se sont heurtées à la dure réalité du terrain.
