Le Département d’État américain vient de clarifier les nouvelles restrictions de Trump sur les visas : les Haïtiens qui possèdent déjà un visa valide peuvent continuer à voyager aux États-Unis. Mais attention, aucun nouveau visa ne sera délivré à partir de ce lundi 9 juin, sauf exceptions très limitées.
La confusion était totale depuis l’annonce des nouvelles restrictions de voyage de Donald Trump visant 19 pays, dont Haïti. Beaucoup de nos compatriotes se demandaient s’ils pourraient encore utiliser leur visa américain ou si leurs projets de voyage tombaient à l’eau. La réponse du Département d’État, publiée ce lundi, apporte enfin des éclaircissements : si vous avez un visa en poche, vous pouvez respirer.
Les détenteurs de visas haïtiens peuvent voyager
La nouvelle est rassurante pour les milliers d’Haïtiens qui possèdent déjà un visa américain valide. Selon la note officielle du Département d’État, « aucun visa délivré avant le 9 juin 2025 n’a été ou ne sera révoqué ». Cela signifie que tous ceux qui ont obtenu leur visa avant cette date – que ce soit pour du tourisme, des affaires, des études ou des visites familiales – peuvent continuer à l’utiliser normalement.
Cette précision était cruciale car elle touche directement des milliers de familles haïtiennes. Combien de nos compatriotes avaient des billets d’avion réservés, des rendez-vous médicaux programmés aux États-Unis, ou des retrouvailles familiales prévues ? Tous peuvent maintenant procéder à leurs projets sans crainte de se voir refuser l’entrée.
La porte se ferme pour les nouveaux demandeurs
Mais la médaille a son revers. À partir de ce lundi 9 juin à minuit, le Département d’État « suspend entièrement la délivrance de visas aux ressortissants d’Haïti pour toutes les catégories de visas de non-immigrant et d’immigrant ». Cette mesure place Haïti dans le même panier que l’Afghanistan, la Birmanie, l’Iran, la Libye, la Somalie et d’autres pays considérés comme présentant des « menaces à la sécurité nationale ».
Concrètement, cela signifie qu’un Haïtien qui souhaite aujourd’hui demander un visa pour visiter sa famille à Miami, étudier dans une université américaine, ou partir en voyage d’affaires, ne pourra plus l’obtenir. Les consulats américains ne traiteront plus ces demandes, créant un véritable mur administratif.
Quelques exceptions dans un océan de restrictions
Heureusement, toutes les portes ne sont pas fermées. Le Département d’État a prévu plusieurs exceptions qui pourraient concerner certains Haïtiens :
Les conjoints, enfants et parents de citoyens américains d’origine haïtienne pourront encore obtenir des visas d’immigrant. C’est une bouée de sauvetage pour les familles mixtes qui comptent sur le regroupement familial.
Les adoptions par des citoyens américains restent possibles, une nouvelle importante pour les nombreuses familles américaines qui adoptent des enfants haïtiens.
Les résidents permanents légaux (détenteurs de « green card ») ne sont pas affectés par ces restrictions.
Certains visas diplomatiques et officiels continuent d’être délivrés, préservant les relations officielles entre les deux pays.
Une mesure qui divise et questionne
Cette décision de Trump, présentée comme visant à « protéger les États-Unis des terroristes étrangers et d’autres menaces », soulève de nombreuses questions dans la communauté haïtienne. Pourquoi Haïti figure-t-il sur cette liste aux côtés de pays en guerre ou sous sanctions internationales ?
Pour beaucoup de nos compatriotes, c’est un nouveau coup dur après des années de relations diplomatiques tendues. Les étudiants haïtiens qui rêvaient de poursuivre leurs études aux États-Unis, les entrepreneurs qui comptaient développer des partenariats commerciaux, ou les familles qui espéraient se retrouver, voient leurs projets compromis.
Un impact sur la diaspora et l’économie
Cette restriction pourrait avoir des répercussions importantes sur les liens entre Haïti et sa diaspora américaine. Moins de facilités pour voyager signifie moins d’échanges familiaux, moins d’investissements directs, et potentiellement moins de transferts d’argent – ces fameux envois qui représentent plus de 16% du PIB haïtien.
Les secteurs du tourisme et des affaires, déjà fragiles, risquent de souffrir davantage. Comment maintenir des partenariats économiques solides quand les déplacements professionnels deviennent impossibles ?
La clarification du Département d’État rassure ceux qui ont déjà leur visa, mais ferme la porte à de nombreux projets futurs. Pour la diaspora haïtienne et les familles séparées par les frontières, cette mesure pose une question fondamentale : comment maintenir les liens qui unissent Haïti à ses enfants dispersés à travers le monde quand les barrières administratives se multiplient ?