Première journée marathon pour le nouveau directeur général de la Police nationale : entre ateliers avec les Américains, rencontres diplomatiques et coordination avec la mission internationale, Paraison multiplie les signaux d’ouverture. Une séquence qui dissipe les rumeurs sur un possible veto américain à sa nomination.
Une journée, trois rendez-vous stratégiques
Lundi 11 août restera sans doute comme une date charnière pour André Jonas Vladimir Paraison. Fraîchement installé à la tête de la PNH, le nouveau directeur général a enchaîné les rencontres de haut niveau dans une séquence diplomatique soigneusement orchestrée.
D’abord la visite du Bureau International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) du Département d’État américain, puis celle de l’ambassadeur du Canada André François Giroux, et enfin sa première séance de travail avec le commandant de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité, Godfrey Otunge. Un agenda qui envoie un message clair : la nouvelle direction de la PNH mise sur la coopération internationale.
Les Américains misent sur le « renforcement des capacités »
La rencontre avec la délégation américaine revêt une importance particulière. L’atelier de travail organisé à la Direction générale de la PNH, en présence du directeur de cabinet et des directeurs centraux, a porté sur « la dynamisation de la coopération et le renforcement des capacités » de l’institution policière.
Pour les familles haïtiennes qui espèrent voir leurs quartiers libérés de l’emprise des gangs, cette coopération avec Washington représente un enjeu vital. Les États-Unis demeurent le principal financeur de la PNH, et leur soutien conditionne largement les moyens d’action de la police haïtienne.
Paraison n’a pas manqué l’occasion de remercier « le gouvernement et le peuple américain », tout en s’engageant à « gérer de manière efficace les ressources mises à disposition ». Un message rassurant pour ceux qui s’inquiètent de la gestion des fonds internationaux destinés à la sécurité.
Le Canada réaffirme son appui
La visite de courtoisie de l’ambassadeur canadien André François Giroux au bureau de Clercine s’inscrit dans la même logique. Le Canada, qui accueille une importante communauté haïtienne notamment à Montréal et Toronto, maintient son engagement aux côtés d’Haïti dans le domaine sécuritaire.
Ces échanges sur « l’appui du Canada à la Police Nationale et la situation sécuritaire en Haïti » témoignent de la continuité de cette coopération, particulièrement importante pour les Haïtiens de la diaspora canadienne qui suivent de près l’évolution de la situation dans leur pays d’origine.
Coordination renforcée avec la mission internationale
La rencontre avec Godfrey Otunge, commandant de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité, marque une étape cruciale. Les deux hommes ont évoqué « la nécessité de travailler en étroite collaboration pour trouver une solution rapide, durable et efficace à l’insécurité ».
Cette coordination entre la PNH et les forces internationales représente un espoir concret pour les habitants des zones les plus touchées par la violence des gangs. Le renforcement du « soutien logistique, du partage d’informations et de la couverture sécuritaire des zones vulnérables » pourrait enfin permettre aux familles de Cité Soleil, Martissant ou Croix-des-Bouquets de retrouver une vie normale.
Washington avalise-t-il vraiment les nominations ?
Cette séquence diplomatique intense intervient alors que des rumeurs persistantes évoquent un supposé veto américain à la nomination de Paraison. Ces « bruits de couloir » selon lesquels « les choix des chefs de police sont régulièrement avalisés par Washington » trouvent un écho particulier dans la communauté haïtienne.
L’accueil réservé au nouveau directeur général par la délégation américaine semble toutefois démentir ces spéculations. En organisant un atelier de travail dès sa première semaine de fonction, les États-Unis envoient un signal positif qui rassure sur la continuité du partenariat.
Cette première journée diplomatique de Vladimir Paraison dessine les contours d’une stratégie axée sur la coopération internationale. Reste à voir si cette mobilisation diplomatique se traduira par des résultats concrets sur le terrain, là où les Haïtiens attendent des changements tangibles dans leur quotidien marqué par l’insécurité.