Les États-Unis placent le « Cartel de los Soles » sur leur liste terroriste et accusent directement le président vénézuélien d’orchestrer le trafic de drogue vers l’Amérique. Une escalade qui inquiète toute la région caribéenne.
L’administration Trump remet le couvert. Vendredi dernier, le département américain du Trésor a frappé un grand coup en classant le « Cartel de los Soles » parmi les organisations terroristes mondiales. Mais cette fois, l’accusation va plus loin : Washington pointe directement du doigt Nicolas Maduro, qu’il présente comme le chef de ce réseau criminel supposé alimenter le trafic de drogue vers les États-Unis.
Un cartel aux insignes militaires
Le nom de cette organisation criminelle présumée ne doit rien au hasard. « Cartel de los Soles » fait référence aux insignes solaires qui ornent les uniformes des hauts gradés de l’armée vénézuélienne. Pour les autorités américaines, cette symbolique révèle l’implication directe de l’appareil militaire vénézuélien dans ces activités illicites.
Selon le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC), ce cartel servirait d’intermédiaire au redoutable « Tren de Aragua », cette organisation criminelle vénézuélienne qui fait des ravages dans toute l’Amérique latine. Une accusation qui résonne particulièrement dans les Caraïbes, où de nombreux pays luttent contre l’expansion de ces réseaux criminels.
Des implications régionales préoccupantes
Pour Haïti et ses voisins caribéens, ces révélations soulèvent des questions importantes. Le « Tren de Aragua » s’est déjà implanté dans plusieurs pays de la région, utilisant les routes migratoires et les faiblesses institutionnelles pour étendre son influence. Les autorités haïtiennes, déjà confrontées à leurs propres défis sécuritaires, surveillent de près l’évolution de cette organisation.
Les communautés vénézuéliennes installées dans la Caraïbe, notamment à Port-au-Prince, en République dominicaine ou dans les îles anglophones, risquent de subir les contrecoups de ces tensions diplomatiques. Beaucoup ont fui la crise économique de leur pays et craignent maintenant d’être amalgamés à ces réseaux criminels.
Une stratégie de pression maximale
« Les mesures prises aujourd’hui révèlent encore davantage le soutien apporté par le régime illégitime de Maduro au narcoterrorisme », a déclaré Scott Bessent, le secrétaire au Trésor américain. Cette déclaration s’inscrit dans la continuité de la politique de « pression maximale » menée par Washington depuis 2019.
Le gel des avoirs et l’interdiction de toute transaction avec cette entité s’ajoutent aux sanctions déjà existantes contre le Venezuela. Une escalade qui inquiète les observateurs régionaux, car elle risque d’aggraver encore la crise humanitaire vénézuélienne et de pousser davantage de migrants vers les pays voisins.
Un conflit qui dépasse les frontières
Cette nouvelle confrontation entre Washington et Caracas dépasse largement le cadre bilatéral. Elle pose la question de la stabilité régionale dans une zone déjà fragilisée par les crises politiques, économiques et sécuritaires. Pour les pays de la Caricom, dont fait partie Haïti, l’enjeu consiste à éviter d’être entraînés dans cette spirale de tensions.
Les accusations américaines, vigoureusement niées par Maduro, alimentent un climat de méfiance qui complique déjà les efforts de dialogue régional. Dans ce contexte, les initiatives diplomatiques caribéennes pour maintenir la paix et la stabilité deviennent cruciales.
Entre guerre des mots et sanctions économiques, l’affrontement américano-vénézuélien s’intensifie. Mais au-delà des joutes diplomatiques, ce sont les populations de toute la région qui risquent de payer le prix fort. La Caraïbe saura-t-elle préserver sa stabilité face à cette nouvelle tempête géopolitique ?