L’Ambassade américaine lance un appel pressant à ses ressortissants : quittez Haïti sans délai. Malgré la reprise timide des liaisons aériennes intérieures, la situation sécuritaire reste si préoccupante que les diplomates américains multiplient les mises en garde. Un signal d’alarme qui en dit long sur l’état du pays.
Quand l’Oncle Sam conseille à ses citoyens de prendre leurs jambes à leur cou, c’est que la situation est grave. Très grave. L’Ambassade des États-Unis en Haïti vient de lancer un appel sans équivoque à ses ressortissants : partez, et partez vite. Un message qui résonne comme un aveu d’impuissance face à la dégradation continue de la situation sécuritaire dans le pays.
Une lueur d’espoir dans les airs… mais pas partout
Pour la première fois depuis longtemps, une note d’optimisme transperce la grisaille : les vols commerciaux intérieurs ont repris entre l’aéroport international du Cap-Haïtien et deux destinations stratégiques – l’aéroport Antoine-Simon des Cayes et le terminal Guy Malary de Port-au-Prince. Une bouffée d’oxygène pour un pays longtemps coupé du monde par l’insécurité.
Mais cette reprise reste fragile et limitée. Les autorités américaines sont formelles : leurs propres agents ne peuvent toujours pas emprunter les vols commerciaux vers ou depuis Port-au-Prince. La Federal Aviation Administration (FAA) maintient ses restrictions, témoignant de la persistance des risques.
Le casse-tête des évacuations
Face à cette situation, l’Ambassade jongle entre pragmatisme et prudence. Elle reconnaît que certains Américains utilisent des hélicoptères pour rejoindre le Cap-Haïtien depuis des zones non desservies par les aéroports commerciaux. Mais attention : ces vols ne bénéficient d’aucune approbation officielle, et les risques restent entièrement à la charge des passagers.
Pour les membres de la diaspora haïtienne détenteurs de la double nationalité, ce message revêt une dimension particulièrement amère. Combien d’entre eux ont des proches bloqués en Haïti, des affaires à régler, des racines qu’ils ne peuvent abandonner ? L’appel américain à l’évacuation souligne cruellement la distance qui sépare désormais Haïti de ses enfants éparpillés à travers le monde.
Un guide de survie en territoire hostile
L’Ambassade ne se contente pas de conseiller le départ. Elle dresse un véritable manuel de survie pour ceux qui ne peuvent pas encore partir : éviter les foules, adopter un profil bas, ne pas sortir la nuit, garder ses papiers à portée de main… Des recommandations qui transforment la vie quotidienne en parcours du combattant.
Ces consignes font écho aux stratégies développées par les Haïtiens eux-mêmes pour naviguer dans cette réalité difficile. Qui mieux que les habitants de Port-au-Prince, de Croix-des-Bouquets ou de Cité Soleil connaît ces règles de survie urbaine ? La différence, c’est que les Américains ont le choix de partir.
Washington jette l’éponge ?
Ce qui frappe dans ce message, c’est son ton d’urgence et de résignation. En multipliant les avertissements, l’Ambassade américaine semble reconnaître son impuissance à garantir la sécurité de ses ressortissants sur le sol haïtien. Un constat d’échec qui en dit long sur l’état du pays.
Pour les Haïtiens, ce message résonne comme une double peine : non seulement leur pays sombre dans le chaos, mais même leurs alliés traditionnels battent en retraite. Quand les diplomates américains conseillent la fuite, que reste-t-il aux Haïtiens ordinaires qui n’ont pas de passeport de secours ?
Cet appel à l’évacuation soulève une question douloureuse : Haïti est-il en train de devenir un pays abandonné de tous ? Alors que la communauté internationale multiplie les déclarations de soutien, ses représentants sur le terrain préparent discrètement leur sortie. Un paradoxe qui interroge sur la sincérité de l’engagement international envers la première République noire du monde.