L’Artibonite mise sur Jacques Ader : un nouveau chef de police face au défi sécuritaire

L’homme qui avait neutralisé le redoutable chef de gang de Savien prend les rênes de la police départementale dans l’Artibonite. Une nomination qui suscite l’espoir dans une région en proie à l’insécurité, mais aussi des attentes énormes.

Ce samedi 23 août 2025, l’Artibonite a tourné une nouvelle page de son histoire sécuritaire. Le commissaire divisionnaire Jacques Ader a officiellement pris les commandes de la Direction départementale de la Police nationale, remplaçant Jean Frenel Beauvoir à peine un mois après sa nomination. Une passation de pouvoir qui s’est déroulée au commissariat Toussaint Louverture, en présence de l’inspecteur général Joany Caneus et de plusieurs personnalités locales.

Un changement express qui interroge

Le départ précipité de Jean Frenel Beauvoir, nommé le 24 juillet dernier, soulève des questions. En un mois seulement, l’homme n’a pas eu le temps de déployer sa vision pour ce département où les gangs multiplient les exactions. Lors de la cérémonie, il a néanmoins transmis à son successeur des « plans opérationnels » qu’il qualifie d’essentiels pour la région.

Cette rotation rapide des cadres policiers n’est pas sans rappeler les défis auxquels fait face l’institution dans tout le pays. Comme à Port-au-Prince où les changements de leadership se succèdent face à la pression des groupes armés, l’Artibonite semble chercher la bonne formule pour retrouver la stabilité.

Jacques Ader, l’homme de la situation ?

Si sa nomination fait autant de bruit, c’est que Jacques Ader arrive avec des références. Ancien « partenaire de combat de terrain » dans la capitale selon les mots de son prédécesseur, il s’est surtout illustré par une opération qui a marqué les esprits : l’élimination d’Odma Louissaint, le redoutable chef de gang de Savien. Cette action d’éclat avait considérablement affaibli les activités criminelles dans le bas Artibonite.

Sur les réseaux sociaux, bien avant son installation officielle, les habitants de la région exprimaient déjà leur soutien. Une popularité qui contraste avec la méfiance habituelle de la population envers les forces de l’ordre. Samedi, plusieurs dizaines de citoyens se sont même rassemblés devant le commissariat pour l’accueillir – un geste rare qui témoigne des espoirs placés en lui.

Des mots forts, des défis énormes

Dès sa prise de fonction, le nouveau patron de la police départementale a donné le ton. Dans un discours sans détour, il a lancé un ultimatum aux groupes armés : « Nul n’a le droit de semer la terreur sans en subir les conséquences. J’exige à ceux qui détiennent des armes illégales de les déposer, faute de quoi nous prendrons les mesures nécessaires. »

Mais c’est peut-être son message aux policiers véreux qui a le plus retenu l’attention. Dans un département où la collusion entre certains agents et les gangs fait partie des rumeurs persistantes, Ader a été catégorique : « Aux policiers accusés d’être de connivence avec les gangs, je dis clairement : ils doivent changer de camp, sinon des sanctions appropriées seront prises. »

L’Artibonite attend des résultats concrets

Pour les familles haïtiennes de l’Artibonite, comme pour celles de la diaspora qui s’inquiètent pour leurs proches restés au pays, cette nomination représente un nouvel espoir. Dans un département où les enlèvements se multiplient et où les routes deviennent de plus en plus dangereuses, l’attente est immense.

Jacques Ader saura-t-il transformer ses promesses en actions concrètes ? Disposera-t-il des moyens nécessaires pour mener à bien sa mission ? Dans un contexte où la PNH manque cruellement de ressources et où les gangs semblent toujours avoir un coup d’avance, le nouveau commissaire divisionnaire devra faire preuve d’une détermination à toute épreuve.

L’Artibonite et ses habitants méritent enfin de retrouver la paix. Reste à voir si Jacques Ader sera l’homme de la situation.

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